Family offices : le Private Equity et l’immobilier en tête

Par : edicom

L’Association française du Family Office (AFFO) vient de publier son 5e baromètre avec Opinion Way fondé sur les préoccupations des family offices face à la crise de la Covid-19.

Référence des professionnels du métier de Family Office (mono family offices, multi family offices et experts : avocats, fiscalistes, notaires, etc.), l’AFFO a pour objectif de valoriser son importance auprès des entreprises familiales et d’accompagner ces acteurs dans leur métier de conseils et de prestations de services pour les intérêts patrimoniaux des familles dans une vision transgénérationnelle.

Animé par Rémi Béguin, ce baromètre, créé en 2016 en consultation OpinionWay pour l’AFFO, est basé sur les réponses fournies à un questionnaire proposé aux family officers (mono et multi) ainsi qu’aux partenaires de l’AFFO. Il a été réalisé durant les 2 premiers mois de l’année, sur l’année 2019 et pose comme chaque année des questions sur les choix d’investissement des familles, leur appétence aux risques, la répartition des investissements entre les différentes classes d’actifs, l’évolution des choix d’investissement, l’impact de l’actualité sur leurs choix…

 

En 2019, les familles confirment leur appétence dans le private equity et l’immobilier d’investissement

Dans les produits d’investissement les plus représentés dans les classes d’actifs des familles en 2019 restent en tête le private equity avec 21% (investissement directs 13% et via des fonds 8%), en hausse de 1 point pour les investissements directs et en baisse de 1 point via des fonds, par rapport à 2018 ; suivis de l’immobilier avec 18% (immobilier d’investissement 16% et pierre papier 2%), en hausse de 1 point pour l’immobilier d’investissement et stable pour la pierre papier. Viennent ensuite les actions cotées avec 17%, en hausse de 1 point, l’assurance-vie multi-support avec 13 % en hausse de 1 point et la trésorerie incluant le fonds en euros 12% en baisse de 1 point par rapport au 2018.

On observe une hausse de 3 points pour les actifs tangibles avec 7% (forêts, vignobles, foncier agricole, or…), une baisse de 4 points pour la dette cotée et les produits de taux avec 3%. La philanthropie et la dette non cotée restent stables à 3% ainsi que les fonds alternatifs à 2%. Les investissements dans l’Art avec 1% sont en baisse de 1 point. A noter qu’en 2019, 77% des familles investissent dans des start-up.

Pour l’année 2020, la grande majorité des personnes interrogées pensent que la part du private equity en investissements directs (78%) et via des fonds (69%) devrait augmenter, tout comme celle de la part de l’immobilier d’investissement (49%), et des autres actifs tangibles –forêts, vignoble, foncier agricole, or… – (45% avec une hausse de 18 points par rapport à 2019). La part de la dette cotée et produits de taux devrait continuer à diminuer.

Mais l’année 2020 a été marquée par un événement exceptionnel sans précédent. En effet, depuis le 16 mars, la plupart des Français sont en confinement et la France tourne au ralenti. La plupart des sociétés de conseil et notamment des family offices s’est organisée en télétravail. Une situation qui devrait perdurer puisque le déconfinement qui a commencé le 11 mai devrait se faire de façon prudente et progressive.

 

Quelles sont les préoccupations des family offices face à cette crise ?
La relation avec les familles

La première préoccupation des family officers est d’accompagner leurs familles et d’assurer l'ensemble des services sur lesquels ils ont bâtis une relation de proximité et de confiance. Le télétravail a été rapidement mis en place pour beaucoup de sociétés. Mais il a fallu aussi sécuriser leurs données pour préserver la confidentialité des familles qui est clef dans ce secteur d’activité. Il a été constaté que les relations avec les familles n’ont pas vraiment changé et que les rendez-vous ont été maintenus mais par visioconférence.

La gestion des priorités

La faisabilité des opérations en cours a été immédiatement vérifiée pour assurer une continuité. On peut constater qu’il y a eu peu d’annulation, quelques reports en fonction de l’évolution de la situation (prises de participations, refinancements, projets capex…etc).

Vérifications successorales

Priorité pour tous, les family officers ont immédiatement réalisées des vérifications complémentaires afin de s’assurer que toutes les dispositions nécessaires étaient bien en place pour la gestion des familles et surtout pour les dirigeants les plus âgés et donc plus exposées à la maladie.

Gouvernance familiale

La profession va être confrontée au problème des délais. Par exemple, dans le cas d’une famille impliquée dans des opérations liées à un « schéma d’organisation familiale ». Compte tenu de la situation, ces opérations peuvent prendre du retard, car plus longues à réaliser, rendant difficile le respect de délais. (Ex : limite d’âge).

Investissements

Il y a eu peu de panique chez les familles qui attendent le bon timing de réinvestissement.

Les family offices sont régulièrement en contact avec les gérants d’actifs des familles, afin de présenter des scénarios argumentés et réfléchis. Les family offices recommandent surtout à leurs familles de rester prudentes et patientes. Ils étudient activement toutes propositions, conscients qu’il y a des opportunités à saisir, mais sans se précipiter.

Malgré la volatilité qui perdure et l’absence de visibilité sur la situation économique post confinement, un réinvestissement graduel dans des valeurs solides reste probablement une stratégie pertinente.

Sur le non-coté, il est encore trop tôt pour mesurer l’ampleur des conséquences, mais il est certain qu’elles seront importantes. Pour autant, l’appétit pour le private equity et l’immobilier ne devrait pas se démentir dans les prochains mois : leur caractère tangible fait leur force et la volatilité des marchés financiers est souvent un important catalyseur qui alimente de tels arbitrages.

Il est encore bien difficile de mesurer l’impact de cette crise et de connaitre ses répercussions dans les mois à venir. Les family offices restent confiants, pour l’instant leur activité ne ralentit pas.

Pour les familles, Il est aussi difficile de mesurer l’impact de cette crise qui sera certainement lourde d’un point de vue économique et financier. Elles restent donc prudentes et ouvertes aux opportunités.

 

L’impact de l’actualité sur les choix d’investissement des familles

Les événements qui ont eu le plus d’impact sur les choix d’investissement des familles par rapport à 2018 sont le bas niveau des taux d’intérêts et la politique des banques centrales (pour 61% des personnes interrogées +11 points par rapport à 2018), la forte valorisation des actifs non cotés (pour 59% des personnes interrogées +8 points) ; les tensions politiques dans le monde (pour 52% des personnes interrogées +11 points).

Ceux qui ont eu le moins d’impact sont le Brexit (pour 9% des personnes interrogées -11 points) et la crainte de remontée des taux d’intérêts (pour 11% des personnes interrogées -23 points).

Les profils d’investisseurs

Pas de surprise sur les profils des investisseurs, comme les années précédentes le profil équilibré demeure en tête pour 64% des personnes interrogées. Viennent ensuite le profil prudent pour 17%, le profil offensif pour 11% et le profil dynamique pour 8 %.

La sensibilisation des familles

La sensibilisation des familles à l’innovation fait son entrée dans les items et sort en tête à égalité avec le risque d’image (pour 83%, +5 points pour ce dernier), suivi de très près par la sensibilisation liée à la gouvernance (pour 81%, +5 points). Viennent ensuite, l’éducation des membres qui la composent (pour 67%, -9 points), la sensibilisation liée à l’Investissement Socialement Responsable (61%, -2 points), les risques de certains investissements face à l’ubérisation de l’économie (pour 56%, -9 points) et la protection des données (51%, -13 points par rapport à l’an dernier.

L’effort d’investissement des familles

En 2019, la tendance est à l’accroissement de l’investissement : 52% des familles ont de manière générale accru leurs investissements par rapport à l’année précédente. Dans le détail ce sont les investissements à l’étranger qui ont le plus progressé (50% jugent qu’ils se sont accrus pour les familles : +14 pts vs. 2018).

Les critères de choix d’un multi family office

Les critères les plus importants pour les personnes interrogées demeurent l’équipe (69%), son indépendance (67%), et la relation personnelle avec le dirigeant (63%). Viennent ensuite son mode de rémunération, son réseau de partenaires, et sa capacité à accompagner à l’international.

  • Mise à jour le : 15/05/2020

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