Deux masters de haut niveau à Bordeaux

Par : Benoît Descamps

Photo : © Service communication / IAE Bordeaux

A l’université de Bordeaux, deux formations en gestion de patrimoine sont dispensées aussi bien pour des professionnels en activité que pour des étudiants. L’une se veut généraliste ; l’autre affiche une dominante juridique et fiscale. Présentations.

Au sein de l’université de Bordeaux, deux masters sur la matière patrimoniale coexistent. Le master 2 Gestion du patrimoine privé a été créé, en 2002, à l’initiative commune de l’IAE et de la faculté de Droit. En 2010, chacune des composantes a souhaité réintégrer ce master dans son offre avec une composition identique des enseignements. A compter de la rentrée 2016-2017, les deux formations seront effectivement bien dissociées.

A l’IAE, des évolutions dès la rentrée prochaine

Du côté de l’IAE, le master va, dès la rentrée prochaine, changer de nom et devenir le master Gestion de patrimoine « pour mieux refléter le contenu du cursus, expose Corynne Jaffeux, responsable de la formation, et professeur des universités. Nous nous limitons donc aux termes gestion de patrimoine car le diplôme aborde aussi bien le patrimoine professionnel que le patrimoine privé, lesquels interagissent dans la pratique professionnelle. » Ce diplôme existe de façon différenciée sous une formule initiale et sous une formule continue, adaptée aux professionnels.

Quelques spécificités « locales »

Le contenu se veut équilibré entre les matières financières et juridiques : fondamentaux de la gestion de patrimoine, investissements immobilier, fiscalité, patrimoine professionnel, placements financiers, produits d’assurance et de prévoyance, gestion d’un portefeuille de valeurs mobilières, transmission du patrimoine… Pour coller à la demande des employeurs et des évolutions de la clientèle patrimoniale, la nouvelle maquette du diplôme intègre un module sur l’optimisation internationale du patrimoine et la gestion des non-résidents.

Quelques spécificités sont à noter, en raison notamment de la localisation de la formation, comme le traitement des successions viticoles et vinicoles. Des modules de mise en situation professionnelle sont également organisés avec la pratique du logiciel Big Expert d’Harvest, de nombreux cas pratiques ou encore l’enseignement des techniques de négociation.

« Si le contenu est sensiblement le même entre formation initiale et continue, les enseignants ne sont pas toujours les mêmes », précise Corynne Jaffeux. Dans tous les cas, environ trois quarts des enseignants sont professionnels en exercice dans des établissements financiers, des cabinets de conseil, des charges notariales, des assureurs etc. et les professeurs d’université ne sont pas tous issus de l’université de Bordeaux.

Bientôt en alternance

Autre changement à partir de la rentrée prochaine, la formation sera accessible en contrat de professionnalisation. Exit donc le stage de six mois effectué de mars à septembre. « Il s’agit d’un excellent dispositif car, d’une part, certains de nos étudiants sont boursiers et, d’autre part, il convient de les rapprocher de la pratique professionnelle, observe la directrice de formation. Si nous n’avons pas de partenariat écrit avec tous les établissements qui accueillent actuellement des stagiaires, nous sommes proches d’eux car ils ont pour habitude de prendre des étudiants d’une année sur l’autre, de nous proposer des candidats en formation continue ou d’intervenir comme enseignants. Et nous savons que le contrat de professionnalisation était une de leurs attentes. »

Dès lors, les cours seront dispensés selon un rythme alternant trois semaines en entreprise et trois semaines de cours, avec cinq semaines de formation à l’IAE en tout début de cursus. Pour entrer en formation, il convient de disposer d’un niveau bac + 4 dans le domaine juridique, économique ou la gestion grâce à un parcours universitaire ou issu d’une école de commerce. « La motivation est très importante dans la sélection des étudiants, surtout leur projet professionnel, insiste Corynne Jaffeux. C’est pourquoi, à court terme, tous s’orientent vers la gestion de patrimoine avant parfois de bifurquer en cours de vie professionnelle. »

Une association d’étudiants organise chaque année une à deux conférences et tient à jour un annuaire des anciens. Cette année, une trentaine d’étudiants ont suivi la formation.

Un groupe de formation continue

Parallèlement à cette formation initiale, un autre groupe suit le cursus en formation continue. « Il s’agit ici de personne voulant évoluer professionnellement, parfois se réorientant », note Corynne Jaffeux.

Pour ces professionnels, les cours ont lieu sur dix séminaires mensuels de trois jours sur une année civile, de janvier à décembre avec une période chômée en août.

« Concernant le recrutement, la tendance veut que nous recevions de plus en plus de demande de VAP, souvent des professionnels détenant une licence ou licence professionnelle. Il s’agit généralement de profils commerciaux bancaires qui se frottent à la gestion de patrimoine et qui souhaitent devenir diplômés. Les profils sont variés avec des clercs de notaires, des CGPI, des avocats ou encore des collaborateurs de caisses de retraite. »

Pour l’année 2016, une dizaine de professionnels suivent la formation, contre treize l’an passé. Pour eux, le coût de la formation s’élève à 6 500 euros.

Le master droit et gestion du patrimoine de la faculté de droit

A compter de la rentrée 2016-2017, le master 2 Gestion du patrimoine privé dirigé par Jean-Marie Plazy (professeur de Droit privé et sciences criminelles et consultant) et Eric Fongaro (maître de conférences en Droit privé et sciences criminelles HDR) et lancé en 2010, sera renommé master Droit et gestion du patrimoine. Ainsi, la maquette de la formation va être complètement refondue, avec la réorganisation de l’unité d’enseignement relative aux techniques civiles qui comprendra des modules en matière d’indivision, de fiducie ou de gestion du patrimoine des majeurs protégés. Aussi, la formation intégrera une partie sur la réglementation professionnelle.

Une dominante juridique et fiscale

Contrairement au master de l’IAE et même si des modules « financiers » perdurent, cette formation se veut donc davantage axée sur les aspects juridiques de la gestion de patrimoine. Ce master 2 est d’ailleurs affilié à la FNDP (Fédération nationale droit du patrimoine) et l’université comprend également IRDAP (Institut de recherche en droit des affaires et du patrimoine). Différents modules portent sur la fiscalité, les techniques de transmission du patrimoine. Néanmoins, des enseignements perdurent par rapport à la maquette initiale comme les techniques de négociation ou la banque et son client.

Les enseignements sont délivrés à 60 % par des professionnels et 40 % par des universitaires. « Nous insistons beaucoup sur la pratique », observe Jean-Marie Plazy.

Dès lors, les étudiants recrutés sont généralement issus d’un master de droit, avec quelques profils provenant du notariat et de l’immobilier. Néanmoins, quelques-uns sont issus également de l’univers de la gestion. Une première sélection est réalisée sur dossier et est suivie d’entretiens de motivation. La grande majorité des étudiants passent le diplôme de la FNDP récemment créé, le diplôme fédéral de juriste du patrimoine (cf. Profession CGP n° 28, 1er trimestre 2015, pages 66 à 67).  « C’est un des éléments de motivation des étudiants souhaitant suivre le master, note Jean-Marie Plazy. D’ailleurs, la promotion 2015-2016 est sortie major des examens relatifs à ce diplôme. »

Un groupe dédié à la formation continue à compter de la rentrée 2017

Si la formation est accessible en formation initiale et continue avec un seul groupe de formation, deux groupes distincts seront mis en place pour la rentrée 2017-2018.

Chaque année, une petite vingtaine de personnes suit la formation pour plus de 350 dossiers de candidature.

« L’intégration des étudiants diplômés est bonne, observe le directeur de la formation. Un premier tiers s’oriente vers la banque, le deuxième vers des cabinets indépendants et le troisième vers la profession d’avocat ou le notariat. »

L’association du master organise des petits-déjeuners autour d’une personnalité du monde la gestion de patrimoine pour découvrir son parcours ou son secteur. Un stage professionnel de six mois doit également être réalisé.

Le coût de ma formation se limite aux droits universitaires pour les étudiants en formation initiale. Il atteint 6 500 € en formation continue si le professionnel obtient un financement par le biais d’un organisme privé ou public (700 € si ce n’est pas le cas).

  • Mise à jour le : 26/04/2016

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