Chabalmania à Patrimonia

Par : Dominique De Noronha

Photos : Euclide

Joueur de rugby préféré des Français (et des Françaises !), Sébastien Chabal  a arpenté les allées de Patrimonia, invité d’honneur d’un atelier que nous animions à l’initiative d’Euclide et de GDP Vendôme. Et autant dire qu’il n’est pas passé inaperçu !

Ce n’est ni rationnel ni scientifique, cela ne s’explique pas, mais c’est comme ça : tout le monde connaît Sébastien Chabal. Bien sûr, il y a sa hauteur (et sa largeur), son look improbable de géant barbu savamment cultivé, son air volontairement méchant, mais c’est bien plus que ça : un inexplicable sentiment immédiat de sympathie et de confiance se dégage de lui. Affable et courtois, l’homme qui a fait plier les All Blacks, « la meilleure équipe du monde » affirme-t-il, attire les foules comme un aimant.

Un ballon à la forme impossible

« Il n’y avait que les Anglais pour inventer le rugby. Imaginez-vous un ballon dont la forme impossible fait qu’il part dans tous les sens, qu’il faut le renvoyer en arrière sans rien voir, tout en allant de l’avant ! », explique-t-il, lorsqu’il établit le parallèle entre une équipe sportive et une équipe d’entreprise. « Nous, les gros à l’avant, on est chargés de renvoyer le ballon aux petits, derrière. Ils ne peuvent rien faire sans nous, et on ne peut rien faire sans eux. C’est ça le secret de la réussite. Et l’un des points forts de l’humain ».

Et pourtant, c’est bien ce ballon ingérable qui a fait de lui une star sportive, une star des médias et une star internationale. Quand on l’interroge sur ce sujet, il n’est pas avare d’explications : « Je vis très bien cette situation, même si je préfère la notion de notoriété à celle de star. La notoriété est pour moi une reconnaissance pour un art, un savoir-faire dans un domaine précis. Et celui qui la possède doit la mettre au service de cette activité, la promouvoir. Il se doit également d’être à la hauteur de ce que le public lui a confié. Si mon nom a pu permettre de mieux faire connaître le rugby dans le monde, faire découvrir ce sport à des jeunes, j’en suis fier et ravi ».

Caveman

Passé par Bourgoin, Sale, le Racing, Balmain RC ou encore le LOU, Sébastien Chabal laisse derrière lui des vidéos, des actions spectaculaires… Et des blessés, comme le Néo-Zélandais Ali Williams qui, mâchoire explosée, devra manger avec une paille pendant de longs mois !

Le phénomène est en marche. Sur YouTube, la vidéo sera visionnée plus de douze millions de fois. Et rien n’arrête « Caveman » (l’homme des cavernes), un des nombreux surnoms qui lui ont été donnés par les Anglais. Champion d'Angleterre en 2006, vainqueur du Challenge européen en 2005, il remporte également

le tournoi des VI nations en 2007. Les fans soulignent la carrière exceptionnelle du troisième ligne international, qui a disputé 62 matchs sous le maillot du

XV de France, avant de raccrocher, en mai 2014, sur un dernier match gagné. Car même sa sortie, Sébastien Chabal l’a réussie, tout comme il a parfaitement su manager sa carrière sportive et son image.

On se voit, on se renifle

Comme le thème qui nous réunissait était, en simplifiant, l’humain versus le digital, Sébastien Chabal a été net et précis : « Si les machines nous aident aujourd’hui à corriger nos fautes, revisionner les actions pour les améliorer, renforcer le travail d’équipe, elles ne remplacent en aucun cas le regard, la discussion, l’intimidation aussi. Pendant le haka des All Blacks (durant ce match mémorable de quart de finale de la Coupe du monde, à Cardiff, le 6 octobre 2007, où le XV de France réussit pour la deuxième fois à battre les Néo-Zélandais 20 à 18 après les avoir défiés les yeux dans les yeux lors de leur danse rituelle, ndlr), je me souviens très bien que nous avons planté nos regards dans ceux de nos adversaires et que certains ont baissé les yeux. A ce moment-là, j’ai su que nous pouvions gagner. Nous nous apprécions, nous nous jaugeons : on se voit, on se renifle et on se retrouve autour d’une côte de bœuf et d’un verre de vin. C’est ça la civilisation. Tout techniquement parfait soit-il, un robot ne peut égaler le ressenti ». Et à la question de savoir si l’on peut imaginer un jour deux équipes de quinze robots s’affronter sur un terrain, la réponse est directe : « oui, mais ce ne sera pas du rugby ».

Aux affaires

Si Sébastien Chabal a raccroché ses crampons professionnels, il est toujours présent sur le terrain, celui des affaires, cette fois. En 2007, il a créé Ruckfield, une marque de vêtements sportswear à son effigie (et à ses volumes, il y a du 5XL !) très qualitative et de belle facture, très appréciée. Epicurien, le joueur détient aussi des parts dans différents restaurants et son nom est volontiers associé à celui de son ami, lui aussi ancien rugbyman au LOU, Lionel Nallet, Le Champ du Coq, à Meyzieu. Retour en Bresse pour ce Valentinois de naissance : un bel endroit pour une troisième mi-temps !

  • Mise à jour le : 25/10/2016

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