Arcure, leader mondial de la sécurité industrielle

Par : Benoît Descamps

Arcure, société française qui fête son dixième anniversaire cette année, s’impose peu à peu dans le monde entier avec sa solution de protection périmétrique des piétons autour des véhicules industriels. Pour financer leur développement, ses deux fondateurs ont pu compter sur le soutien de fonds de Private Equity, dont Inocap Gestion, avant de s’introduire en Bourse en début d’année.

Arcure est une société spécialisée dans les dispositifs périmétriques de protection des piétons via des caméras installées sur des engins industriels. Ses deux fondateurs – Franck Gayraud et Patrick Mansuy, tous deux ingénieurs de l’aérospatiale et de la défense – se sont connus chez Safran, où ils ont appris à s’apprécier tant sur le plan professionnel que personnel. « Nous avons acquis cette technologie au CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) et avons mené un important travail de recherche et développement durant deux ans, sans réaliser aucune vente. Dix ans après avoir lancé Arcure, nous sommes ravis d’avoir été deux dans cette aventure parfois éprouvante, avec des hauts et des bas, avec une bonne complémentarité, explique Franck Gayraud. En effet, Patrick est plus axé sur les aspects industriels et de recherche et développement, tandis que je suis davantage en charge des aspects commerciaux et financiers. »

 

Réduire les accidents corporels dans les activités industrielles

Arcure propose Blaxtair, une solution moderne de protection des piétons dans les domaines du recyclage, de l’industrie, de la logistique, des travaux publics, des mines et carrières, des tunnels et du nettoyage urbain. Cette solution qui met en œuvre des caméras stéréoscopiques (avec deux yeux) d’intelligence artificielle est directement installée sur les véhicules. Blaxtair est ainsi une caméra intelligente capable de distinguer, en temps réel, une personne d’un autre obstacle et d’alerter le conducteur en cas de danger.

Grâce à son capteur, Blaxtair scrute les zones masquées autour de l’engin et reconstitue son environnement en 3D. L’identification de chaque obstacle repose sur des algorithmes puissants de reconnaissance vidéo. En cas de détection de personne dans la zone de danger, le Blaxtair émet une alarme sonore et visuelle à l’attention du conducteur en fonction de l’imminence du danger. Un écran de contrôle situé en cabine lui permet de vérifier aussitôt la dangerosité de la situation. Une autre solution de vision 3D haute performance, Omega, à destination des acteurs de l'automatisation industrielle a également été conçue par Arcure.

« Auparavant des systèmes de radar existaient, mais n’étaient pas efficaces, signale Franck Gayraud. Avec notre solution d’intelligence artificielle, le conducteur est alerté de manière pertinente, voire autonome. Ce système a l’avantage de ne nécessiter aucune formation du conducteur et d’être parfaitement intégrée dans son environnement. Avec Blaxtair, le taux d’accidentologie devrait descendre en flèche. »

La société, dont le coût de la solution varie entre 3000 à 4000 euros par véhicule, équipe alors les engins d’acteurs majeurs du secteur, comme Colas, Vinci ou Suez en France, Komatsu au Japon ou encore le constructeur de chariots élévateurs allemand Jungheinrich. « Nous sommes sur une réelle niche de marché hyper-spécialisée qui n’a rien à voir avec l’univers de la voiture autonome qui utilise d’autres technologies », précise le dirigeant.

 

Des levées de fonds pour exporter et toujours innover

Si la société a été créée en 2009, la mise au point de Blaxtair a nécessité deux années de R&D.  Arcure se lance dans la production industrielle et la vente de son produit et, pour cela, sollicite l’appui de business angels, de sociétés de capital-investissement ainsi que du CEA. Inocap Gestion investira près de 50 % des 2,8 millions d’euros levés par la société. « Nous avons souhaité croître rapidement en industrialisant notre production et en ouvrant notre distribution à l’international. Cela nous a permis de rapidement contrer la concurrence. Il y avait donc un enjeu de vitesse qui est primordial dans notre domaine, l’intelligence artificielle, et suscite une forte intensité en capital. Inocap a été le premier fonds d’investissement à investir chez nous. Rapidement, les équipes ont bien compris notre démarche et au fil de notre développement ont su nous soutenir dans les bons et moins bons moments. Nous avons rapidement construit une relation de confiance, d’entrepreneur à entrepreneur. Bref, il s’agit d’un partenariat financier et humain idéal ! »

Chez Inocap Gestion, cette prise de participation a été motivée par « le parcours et le charisme des deux dirigeants qui venaient d’un milieu industriel pointu et qualitatif. Leur produit était simple, correspondait à un marché, le tout avec l’intelligence issue du CEA. Tous ces éléments ont compensé le fait que la société ne réalisait que 100 000 euros de chiffre d’affaires à l’époque », annonce Jean-Christophe Ménissier, directeur des participations d’Inocap Gestion.

La société déploie alors ses ventes en Europe, Grande Bretagne et Allemagne, mais aussi au Japon et aux Etats-Unis. Parallèlement, la société poursuit sans relâche ses travaux de R&D afin de conserver une longueur d’avance sur l’arrivée d’éventuels nouveaux entrants.

 

Passer de 7,5 à 60 millions d’euros de chiffre d’affaires en 5 ans

D’autres augmentations de capital suivront en 2014 (avec notamment l’entrée de Siparex), 2015 et 2016, pour un montant d’environ 6,5 millions d’euros au global. A fin 2018, la société réalisait 7,4 millions d’euros de chiffre d’affaires, pour un résultat à l’équilibre. La société franchit alors une nouvelle étape en fin d’année dernière avec son introduction en Bourse, pour 10,9 millions d’euros levés. « Il s’agit d’une nouvelle étape de notre développement, se félicite Franck Gayraud. Nous souhaitons accélérer notre implantation dans le monde entier, en particulier outre-Atlantique qui constitue le premier marché au monde avec des leaders sur leurs marchés, tels que John Deere et Caterpillar. Il s’agit également de conserver notre avance technologique. L’introduction en Bourse s’est imposée à nous car elle offre un champ très large de possibilités de financement en capital, tout en permettant à tel ou tel investisseur historique de pouvoir réinvestir ou de sortir en fonction de ses contraintes propres et de son horizon d’investissement. »

Le potentiel de croissance d’Arcure est « gigantesque » selon Franck Gayraud qui estime la taille du marché à 3 milliards d’euros. « Il existe aujourd’hui un formidable appel d’air sur la robotisation et les solutions sécurisées dont nous voulons profiter. Nous ne sommes qu’au début d’un formidable projet de croissance qui selon nos estimations devrait nous permettre d’atteindre les 60 millions d’euros de chiffre d’affaires, d’ici 2023 ».

Pour sa part, Inocap a participé à la quasi-totalité des augmentations de capital, et même à l’introduction en Bourse via le fonds Quadrige France SmallCaps. « Arcure doit maintenant faire ses preuves en Bourse et associer la croissance à la rentabilité, note Jean-Christophe Ménissier. Or, la société a su se construire une belle notoriété dans le monde entier alors que sa part de marché reste faible. Les signaux sont donc au vert. Un bel exemple de PME française innovante et championne à l’export ! »

  • Mise à jour le : 27/06/2019

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