Le point macroéconomique : le bel été 2016 pour les Bourses mondiales

Par : edicom

Par Alexis Bienvenu, gérant de portefeuilles chez Stamina AM

L’été 2016 fut un bon cru pour les Bourses mondiales. Les scenarii estivaux des deux dernières années ne se sont pas répétés : les marchés aiment parfois surprendre aussi par leur calme !

Le franc rebond des Bourses en juillet après le choc du référendum sur le Brexit a été le fait le plus inattendu. Alors que l’Europe politique se décompose, que l’incertitude sur les conséquences économiques du Brexit est complète, que les populismes se renforcent, la volatilité des marchés se tasse. Le mois de septembre s’est avéré légèrement moins serein. Les fondamentaux économiques n’ont guère été bons, surtout aux Etats-Unis où l’ISM, indice de l’activité manufacturière, est sorti bien en dessous des attentes.

Banques centrales, des politiques à suivre

Mais ce sont surtout les Banques centrales qui ont agité les marchés. Septembre a en effet constitué un point crucial pour l’évolution des politiques monétaires et leur impact sur les marchés financiers.

Au Japon, la banque centrale a modifié sa politique en ciblant directement les prix plutôt que les quantités d’achats d’actifs. Elle décide ainsi maintenant de s’engager à acheter des obligations pour que les taux d’intérêt s’installent durablement au voisinage de 0 %. Pour autant, le montant des achats requis pour maintenir l’ensemble des taux sur un niveau de 0 % est relativement modeste et certainement inférieur au montant des achats d’actifs annuels de 80 trilliards de yens. De plus, il n’y a pas d’intention claire d’augmenter les achats sur d’autres classes d’actifs en dehors des emprunts d’Etat.

En conséquence, la probabilité que la BoJ soit en train de sortir de l’assouplissement monétaire quantitatif – le Quantitative Easing – devient plus importante aujourd’hui.

Du côté de la BCE, l’intervention de Mario Draghi le 8 septembre dernier n’a débouché sur aucune annonce nouvelle, alors que les marchés attendaient au moins des indices concernant le prolongement des mesures de stimulation monétaire. Pris à contre-pied, les marchés actions comme obligataires ont baissé de concert, ce qui est inhabituel. La correction fut toutefois passagère. La retenue de la BCE a probablement été prise par les investisseurs comme un délai avant de nouvelles annonces en décembre prochain. Attention à cette échéance où les attentes risquent d’être élevées. Rien n’est acquis, d’autant que les derniers commentaires de Mario Draghi se concentrent plutôt sur les inquiétudes concernant les marges nettes d’intérêts des banques et sur la disponibilité des titres obligataires au sein des marchés.

Du côté des Etats-Unis, les faibles anticipations de relèvement des taux dès septembre ne laissaient guère de choix à Janet Yellen, la présidente de la Fed : le niveau des taux n’a pu être modifié. Cependant, même si la Fed a continué d’abaisser ses anticipations de taux à long terme, la plupart de ses membres s’expriment en faveur d’une hausse des taux d’ici la fin de l’année. La perspective de relancer une politique de QE paraît ainsi de moins en moins attrayante. Le ton se fait donc là aussi un peu moins accommodant.

En synthèse, les politiques monétaires qui ont eu jusqu’alors un impact positif et un effet stabilisateur sur le prix des actifs risqués – actions et obligations – pourraient maintenant générer des interrogations de la part des investisseurs, créant de l’incertitude et une augmentation de la volatilité dans les prochains mois.

Incertitudes politiques

Parmi les événements politiques aux issues impossibles à jauger, l’élection présidentielle américaine. Si Donald Trump était élu, une forte incertitude sur la politique économique américaine risque de s’installer. D’autres facteurs d’incertitude politique sont à l’œuvre : la Syrie, l’Opep, le référendum italien… La volatilité des marchés pourrait donc remonter, ce qui n’empêchera pas forcément une prolongation des tendances apparues ces derniers mois, plutôt positives, des principaux marchés mondiaux, du moins tant que la croissance mondiale résiste.

  • Mise à jour le : 25/10/2016

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