Environnement et climat : des enjeux majeurs pour la planète

Par : edicom

Par Mario Petrachi, directeur distribution externe France de BNP Paribas Asset Management

« Il n’y a pas de plan B car il n’y a pas de planète B »… Ces quelques mots repris récemment par le président de la République devant le Congrès américain devraient suffire à convaincre que les enjeux liés à l’environnement et au climat doivent être traités au plus haut niveau, et doivent constituer une des toutes premières préoccupations des citoyens des pays occidentaux. Mais également d’autres régions du monde, telles qu’en Chine, comme en témoignent les montants d’investissement programmés pour les prochaines années afin de lutter contre tous types de pollutions qui placent les populations en risque sanitaire majeur.

Cette prise en compte est d’autant plus importante, alors que des milliards d’individus ont accès à l’information où qu’ils vivent et savent donc que l’air est irrespirable à Pékin, qu’une bonne partie de la population mondiale risque sous peu de manquer d’eau potable, qu’un continent de plastique grand comme six fois la France flotte dans le Pacifique, que le niveau des océans grignote progressivement les rivages d’îles lointaines et que les gaz à effets de serre issus des activités humaines impactent le climat de manière peut-être irrémédiable… Préserver l’environnement et limiter le changement climatique afin d’assurer aux générations futures un cadre de vie hospitalier sont donc désormais l’affaire de tous. Les asset managers ont, d’ailleurs, aujourd’hui acquis la conviction que le réchauffement des températures moyennes de plus de 2 °C pourrait, à terme, avoir également des répercussions négatives sur la valeur des avoirs financiers des détenteurs d’actifs.

Dès lors, la prise en compte des nombreux impacts du réchauffement climatique constitue donc une priorité dans le cadre d’une gestion qui prend en compte les enjeux environnementaux. En effet, financer des entreprises qui apportent des solutions pour la préservation des sols, qui permettent une adaptation et une réduction des conséquences du changement climatique, qui s’engagent en faveur d’une eau de meilleure qualité, c’est participer à la croissance d’entreprises innovantes qui ont dès à présent un rôle de plus en plus essentiel dans la résolution des enjeux environnementaux, et plus globalement, dans l’économie.

L’eau : un enjeu vital pour les prochaines décennies

L’eau est une ressource rare dont la demande ne cesse de croître, créant un déséquilibre grandissant avec l’offre. Au cours des soixante dernières années, la consommation d’eau à usage domestique a quadruplé du fait de la croissance naturelle de la population, de la hausse du niveau de vie et de la généralisation de l’accès à l’eau potable. Cette tendance a été encore plus marquée dans les villes, notamment en raison de l’accroissement des populations urbaines.

Il en sera de même dans le futur. A horizon 2030, les villes, aujourd’hui peuplées de 3,9 milliards d’individus (soit 54 % de la population mondiale), devraient en accueillir 2 milliards de plus. Dans ce contexte déjà préoccupant, le changement climatique risque bien de constituer un sérieux facteur aggravant, en modifiant les ressources en eau, en altérant les températures et les régimes de précipitations et en amplifiant les phénomènes d’évaporation. A toutes ces difficultés s’ajoute la nécessité, souvent occultée par le passé, de prévoir des réserves d’eau disponibles suffisantes pour que puissent être préservés l’environnement et la biodiversité ; si cette nécessité était prise en compte à sa juste mesure, ce n’est plus 27,6 % des villes, mais près de la moitié qui viendra à manquer d’eau, un constat assez inquiétant.

Du fait de la communication entre différentes nappes phréatiques connexes, les problèmes risquent de se propager, par surexploitation de certaines d’entre elles, d’un bassin à l’autre ; en conséquence, à l’échelle de la planète, plus de 1,4 milliard de personnes, y compris certaines populations vivant loin des villes, pourraient venir à manquer d’eau.

Des investissements considérables dans toutes les régions du monde vont donc devoir être réalisés afin d’assurer au plus grand nombre l’approvisionnement en eau, tant en quantité qu’en qualité.

Aujourd’hui des solutions existent déjà. La première d’entre elles est de rendre l’agriculture plus efficiente dans l’utilisation qu’elle peut faire de l’eau d’irrigation. Pratiquer l’irrigation au goutte-à-goutte, en lieu et place des modes traditionnels par immersion, réduire les fuites dans les canalisations, faire pousser des denrées agricoles moins gourmandes en eau, arroser là et quand il le faut : autant de mesures qui permettraient de réduire l’emprise de l’agriculture sur l’approvisionnement des villes en eau. 78 % des villes vulnérables, susceptibles de souffrir d’un déficit en eau, et leurs 233 millions d’habitants se trouveraient de la sorte épargnées.

D’autres dispositions plus radicales devront, en certains endroits, être mises en œuvre, comme le recyclage des eaux usées, le stockage des eaux pluviales ou le changement systématique des conduites d’adductions d’eau défectueuses.

Le nombre de sociétés actives dans le secteur de l’eau et le développement de ce type de solutions a ainsi fortement progressé au cours des dernières années. Cette tendance se poursuit, soutenue par le renforcement de la réglementation sur la qualité de l’eau et la libéralisation des marchés des infrastructures.

Il est donc possible aujourd’hui d’investir dans des d’entreprises dont les produits et services contribuent à réduire les déséquilibres entre l’offre et la demande dans le secteur de l’eau, avec notamment des sociétés dont l’activité couvre les technologies de traitement, économies et recyclage de l’eau ; l’installation, l’entretien et la rénovation des réseaux d’adduction d’eau ; l’assainissement des eaux usées et la dépollution.

Préserver les forêts : l’autre défi majeur du développement durable

Avec plus d’1,6 milliard d’individus dont la subsistance dépend de l’exploitation des forêts, ces dernières constituent pourtant de formidables réservoirs de nourriture, d’eau ou de médicaments, et de biodiversité. Elles jouent aussi un rôle fondamental dans la séquestration du carbone et permettraient de réduire de 20 % les émissions mondiales de CO2. Ainsi, elles contribuent à la réalisation de nombreux objectifs du développement durable (ODD) sur les dix-sept définis par l’ONU (Organisation des Nations unies) à horizon 2030 : éradication de la pauvreté (ODD n° 1) et de la faim (ODD n° 2), lutte contre le réchauffement climatique (ODD n° 13), et vie terrestre (ODD n° 15). Ce dernier objectif vise neuf cibles différentes liées à lutte contre la déforestation et la désertification et la protection de la biodiversité.

La Déclaration de New York a ainsi marqué un point d’inflexion dans la lutte contre la déforestation, de même que l’Accord de Paris a constitué un tournant pour limiter le réchauffement climatique.

Parmi les nombreux facteurs qui pèsent sur la préservation des forêts, le secteur agroalimentaire constitue l’une de ses principales menaces. Ainsi, 40 % de la déforestation mondiale est imputable à la production de quatre matières premières : l’huile de palme, les produits à base de bois et papier, le soja et l’élevage bovin, et font peser des risques sur les entreprises que l’on peut estimer à plus de 900 milliards de dollars [773 milliards d’euros au 28 mai, ndlr]. Fortement exposé et conscient de son impact en tant que producteur et premier consommateur de matières premières à risque, le secteur agroalimentaire affiche pour une très large part un objectif zéro déforestation nette liée à l’approvisionnement en matières premières d’ici 2020.

L’enjeu pour les investisseurs consiste ainsi dans un premier temps à comprendre ces risques. Ensuite, il faut évaluer comment les entreprises du secteur les gèrent pour atteindre leur objectif zéro déforestation, en axant cette analyse sur les quatre matières premières les plus à risque.

Les risques peuvent être d’ordre financiers, liés à la potentielle augmentation des coûts (voire à des ruptures) d’approvisionnement ; réglementaires, en cas d’achats venant de sources illégales ; mais surtout de réputation, puisque des efforts de transparence et de protection des forêts sont fortement réclamés par les ONG (organisation non gouvernementale), les consommateurs ou les investisseurs, pouvant entraîner à termes des baisses significatives de part de marché. C’est pourquoi, devant le nécessaire besoin d’amélioration des pratiques du secteur, l’ONG World Widelife Fund (WWF) et des entreprises du secteur privé ont créé, dès 2004, un système de certification de l’huile de palme responsable, Roundtable on Sustainable Palm Oil (RSPO). Le secteur a toutefois parcouru beaucoup de chemin suite à la forte sensibilisation du grand public. C’est ainsi qu’aujourd’hui la majorité des entreprises du secteur agroalimentaire ont pour objectif de s’approvisionner uniquement en sources RSPO d’ici 2020. Néanmoins, de nombreux rapports d’ONG ont montré que certains producteurs certifiés en Asie du Sud-Est ont pris leurs engagements à la légère, et requiert donc de fixer des critères de certification plus contraignants. Il est donc important d’encourager les entreprises à adopter des politiques multicritères, pour mieux protéger les forêts et les tourbières, d’imposer des standards élevés à l’ensemble des sous-traitants et d’assurer la traçabilité de leur huile de palme jusqu’à la plantation.

Mais des efforts restent à fournir, ainsi les entreprises agroalimentaires peinent encore à prendre la mesure des enjeux sur le soja et surtout l’élevage bovin, matières premières qui contribuent le plus à la déforestation, à hauteur respectivement de 480 000 et 2,7 millions d’hectares. Si le moratoire sur le soja en 2008 a aidé à réduire considérablement la déforestation en Amazonie brésilienne, liée à sa culture, les besoins futurs en soja (un Européen en consomme 61 kg par an, majoritairement sous forme indirecte pour alimenter des animaux et poissons d’élevage) et en nouvelles terres arables pour l’élevage bovin ne manqueront pas d’accentuer les risques de déforestation.

La Terre continue de se réchauffer à grande vitesse

L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a publié un rapport sur l’état du climat à l’échelle de la planète. Il s’intitule « Déclaration de l’OMM sur l’état du climat mondial en 2016 ». Il dresse un constat, là aussi, alarmant sur l’évolution des conditions climatiques à ce jour.

En substance, il confirme que l’année 2016 est la plus chaude qui n’ait jamais été enregistrée ; la hausse de la température depuis l’époque préindustrielle y a atteint 1,1 °C. Elle a été supérieure de 0,83 °C à la moyenne calculée pour la période de référence 1961-1990, de 0,52 °C à la moyenne de la période 1981-2010, et de 0,06 °C au record précédent établi en 2015. 2016 est ainsi l’année la plus chaude depuis l’époque préindustrielle, aussi bien pour les océans que pour les terres émergées, aussi bien dans l’hémisphère Nord que dans l’hémisphère Sud.

Rappelons, à ce propos, que, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), au rythme actuel des émissions de gaz à effets de serre, la planète aura atteint les 2 °C fatidiques de hausse des températures en 2040, c’est-à-dire dans à peine plus de vingt ans.

En 2016, le réchauffement climatique a été exacerbé par le puissant El Niño de 2015-2016, surtout en début d’année. Les années durant lesquelles un épisode El Niño de forte intensité prend fin, par exemple 1973, 1983 et 1998, accusent généralement un réchauffement supplémentaire de 0,1 à 0,2 °C, et 2016 ne fait pas exception à la règle. Il a été un amplificateur de situations déjà critiques, dans certaines régions. Le phénomène El Niño a eu des répercussions par ailleurs insoupçonnées ; ainsi en 2015, il a favorisé l’accélération de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, du fait de la moindre absorption du CO2 par la végétation dans les régions touchées par la sécheresse qu’il a contribué à aggraver et de l’augmentation des incendies de forêt qui ont résulté de cette sécheresse.

Les conséquences de ces perturbations et anomalies climatiques peuvent être dramatiques pour la sauvegarde de la biodiversité comme pour les populations qu’elles touchent. Ainsi, pour ne s’arrêter que sur une sélection de certaines de ses conséquences en cascade, on peut noter que les températures océaniques très élevées ont favorisé le blanchissement des coraux dans certaines régions tropicales (comme à Okinawa ou le long de la Grande Barrière de corail en Australie). Les îles Fidji font état d’une surmortalité dans les réserves halieutiques ; des températures de surface de la mer nettement supérieures à la normale – l’anomalie a atteint 3 °C par endroits – ont bouleversé les composantes physiques, chimiques et biologiques du milieu marin, ont, par ricochet, perturbé les chaînes alimentaires et les écosystèmes marins, et, de facto, ont nui aux activités de la pêche, essentielles sur le plan socio-économique pour les populations locales. Le nord-est du Brésil a particulièrement été affecté par une sécheresse qualifiée d’exceptionnelle par les observateurs de la région ; après les fortes pluies de janvier 2016, quasiment aucune précipitation n’y a été enregistrée durant le reste de l’année. En 2016, la production céréalière nationale y a été inférieure de 22 % à la moyenne des cinq dernières années.

De graves sécheresses ont plongé des millions de personnes dans l’insécurité alimentaire en Afrique orientale et australe et en Amérique centrale. L’ouragan Matthew a durement éprouvé les populations de Haïti, de Cuba et de la République dominicaine et a aussi causé d’importantes pertes économiques aux Etats-Unis d’Amérique. Enfin, l’est et le sud de l’Asie ont été touchés par de fortes pluies et des inondations de grande ampleur.

A la lumière des nombreux facteurs qui impactent négativement l’environnement et le climat, force est d’admettre qu’un réchauffement climatique non contenu à 2 °C serait indéniablement dangereux pour la pérennité de l’espèce humaine qui verrait ses ressources naturelles s’étioler irrémédiablement.

Dès lors, l’investissement dans les différentes entreprises qui luttent contre les effets précités devient un enjeu mondial et primordial. Ainsi, chaque individu, par sa participation, mais également par les choix de placement de son épargne, peut prendre une part active pour soutenir l’action en faveur de l’environnement.

 

 

Des solutions d’investissement pour répondre aux enjeux environnementaux

BNP Paribas Asset Management s’est saisi depuis de nombreuses années des sujets liés au changement climatique et à la préservation de l’environnement, et offre ainsi des solutions permettant à chacun de donner du sens à son épargne tout en contribuant à la résolution des grands défis climatiques et environnementaux. Depuis une dizaine d’années, BNP Paribas Asset Management a progressivement enrichi sa gamme de fonds, de manière à offrir tant aux épargnants privés qu’aux investisseurs institutionnels des solutions d’investissement adaptées. Parmi ces solutions, BNPP AM propose notamment des fonds d’actions sur les thématiques environnementales qui investissent de manière ciblée dans des activités, produits et services liés à la protection de l’environnement :

- le fonds BNP Paribas Aqua permet aux épargnants d’investir dans des sociétés internationales actives dans les technologies de traitement et d’assainissement de l’eau ; l’installation, l’entretien, la rénovation et la gestion des réseaux d’adduction d’eau (pompage, traitement avant usage, assainissement des eaux usées, dépollution, recyclage) ;

- Parvest Climate Impact est un fonds orienté sur la mesure et la limitation de l’impact climatique des activités humaines et investit uniquement dans les sociétés qui proposent des solutions aux problèmes du réchauffement climatique, à la fois pour réduire les émissions de gaz à effets de serre et pour s’adapter à ses conséquences, principalement dans l’approvisionnement en eau ;

- Parvest Global Environment est l’un des rares fonds à investir dans chacun des six sous-secteurs de l’environnement (énergies alternatives, économies d’énergie, traitement et assainissement de l’eau, contrôle de la pollution, gestion ou recyclage des déchets).

Parmi les autres solutions existantes, les obligations vertes (ou green bonds) représentent l’une des meilleures options de l’univers obligataire pour financer les activités à faible émission de gaz à effet de serre et soutenir le développement d’une économie bas carbone qui tient compte du changement climatique. Au cours des dernières années, le marché des Green Bonds a connu une croissance fulgurante. Alors qu’il représentait 30 milliards d’euros en 2013, BNPP AM estime que plus de 300 milliards de Green Bonds devraient avoir été émis à l’échelle mondiale à la fin de l’année. BNPP AM a ainsi lancé en 2017 le fonds Parvest Green Bond, un fonds obligataire qui recourt à une méthodologie d’analyse propriétaire intégrée et investit dans les obligations destinées à financer des projets conçus pour lutter contre le réchauffement climatique ou à en atténuer les effets.

 

 

 

  • Mise à jour le : 18/06/2018

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