L'encadrement des loyers en banlieue parisienne ou comment ralentir la reprise immobilière

Par : edicom

Par Jean-Jacques Olivié, président de l’Anacofi-immo

Encore une mesure prise sans concertation avec les professionnels et qui aura un effet inverse à l’objectif visé. L’immobilier est un marché or si vous l’encadrez ce n’est plus un marché... On connait les effets induits de l’encadrement des loyers. La France l’a vécu lors des deux dernières guerres mondiales en 1914 et 1948. Cela entraîne une pénurie de logements et une dégradation du parc locatif - Alors pourquoi une telle mesure ?

Depuis la loi Alur mise en place par la ministre Cécile Duflot, les statistiques de l’Insee sont parlantes. Nous savons que les loyers ont augmenté de 1,4% pour une inflation de 1,5%. Nous savons que lors de ces dix dernières années les loyers du privé n’ont pas augmenté plus que les loyers du public. Nous savons également que le taux d’effort du locataire (rapport loyer/revenu) est stable tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Contrairement aux propos de la ministre de l’époque, la baisse des revenus du locataire n’est pas une cause de l’augmentation du taux d’effort. L’augmentation de celui-ci est d’ailleurs souvent la conséquence d’attribution d’aides tellement malmenée qu’on n’arrive même plus à les prendre en compte. Pas de dérapage des loyers, pas de dérapage du taux d’effort - Alors pourquoi une telle mesure ?

Le bilan d’un tel dispositif sur Paris est négatif : l’investissement progresse cinq fois moins à Paris que sur le reste de la France. Les professionnels annoncent que 15% des investisseurs ont déjà quitté Paris. Conséquence il y a ceux qui stagnent et qui n’entretiendront plus leur bien entrainant de fait une dégradation du parc ; ce qu’on actera d’ici 5 ans, ceux qui vendent et ceux qui vont investir ailleurs... Ces risques sont aujourd’hui factuels - Alors pourquoi une telle mesure ?

Le pouvoir d’achat des locataires a-t-il augmenté depuis ? Non et il a même plutôt diminué dû notamment à l’augmentation des impôts nationaux et locaux qui eux ne subissent pas de plafonnement d’année en année ... En revanche et nous l’avons souvent dit la reprise immobilière est fragile. Un certains nombres d’incertitudes sont devant nous, notamment : va-t-on réellement faire une pause réglementaire ? La réforme « Bâle IV » est-elle définitivement écartée ou juste suspendue ? Ne va-ton pas exiger de plus en plus d’apport dans les financements des particuliers ? Les aides aux logements, une des causes de la reprise, souvent qualifiées par certains de budgétivores vont-elles résistées après la présidentielle aux futures coupes budgétaires ? Les taux d’emprunt ne vont ils pas un jour finir par augmenter - Alors pourquoi une telle mesure ?

Le mécanisme de l’encadrement des loyers tel que présenté ne correspond donc à rien, pire il nous ouvre la porte de tous les risques. Or on ne peut plus se permettre d’évoluer comme un yoyo au gré des mois selon des besoins de stratégies qui à l’évidence ne sont que politiciennes. Malheureusement les conséquences immédiates d’un tel dispositif sont fracassantes à la fois sur le moral des ménages et sur la pérennité du marché de l’immobilier. Dommage !

 

  • Mise à jour le : 08/07/2016

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