Le récent sursaut de volatilité cet été ne fera pas dérailler les fondamentaux

Par : Dominique De Noronha

Le crash d’un avion civil malaisien abattu par un missile dans l’espace aérien ukrainien a remis sur le devant de la scène les tensions entre l’Occident et la Russie. De fait, les actifs financiers des sociétés russes ont subi d’importantes baisses de cours, de nombreux investisseurs craignant les répercussions des nouvelles sanctions économiques à l’encontre du pays dirigé par Vladimir Poutine.

Déplorant les événements tragiques dont il est question,  ce drame n’altère pas de manière substantielle les fondamentaux et de là, les perspectives des prix des actifs sous revue. En particulier, l’occurrence d’un défaut de paiement d’un débiteur russe sur ses engagements financiers est peu probable au vu des imposants flux de trésorerie répertoriés ainsi qu’en raison de la dépendance des pays européens à l’approvisionnement d’énergie en provenance de la Russie. Comme nous l’avions mentionné au pire de la crise avec la Crimée, les Européens prendront soin d’éviter une crise énergétique pouvant précipiter la zone euro en récession.

En matière de gestion, cette position implique la préservation des investissements chahutés. Si de nouveaux sursauts de volatilité sont évidemment possibles en fonction de l’évolution du conflit, une règle de prudence consiste à s’assurer que l’horizon d’investissement soit adapté à la maturité du titre.

En Europe occidentale également, les bourses ont été malmenées en ce début d’été. En particulier, l’indice des valeurs cotées à Lisbonne a violemment chuté au début du mois de juillet, perdant plus de 10% en l’espace de quelques jours. Dans le même temps, les autres bourses européennes ne ressortaient pas indemnes de ce tremblement, comme entraînées par le séisme financier portugais. 

Loin des tensions géopolitiques recensées en Ukraine et au Moyen-Orient, des développements spécifiques au Vieux Continent expliquent la soudaine remontée de l’aversion pour le risque. À l’origine, un élément d’ordre microéconomique relatif aux difficultés financières d’une société lusitanienne : l’une des principales banques du pays et son groupe apparenté sont sous le feu des projecteurs en raison d’irrégularités décelées dans leur comptabilité. Précisément, la manière dont certains actifs auraient été valorisés est sévèrement critiquée et des moins-values auraient été dissimulées. Si les médias avaient déjà flairé l’affaire à la fin de l’année passée, la situation s’est depuis détériorée avec l’annonce d’un retard dans le paiement d’intérêts d’une obligation émise par le groupe en question. S’il est légitime de penser que la crainte d’une faillite bancaire aurait réveillé les peurs du marché, doit-on pour autant s’affoler ?

Un vent de pessimisme 

Un vent de pessimisme s’est propagé du fait de l’inquiétude du marché quant à la solidité du système financier tout entier. Ce sentiment part de l’observation que certains établissements bancaires en Europe ont choisi de reporter leurs nouvelles émissions obligataires en raison de l’humeur suspicieuse du moment. Le canal du crédit étant déjà dans une situation problématique, l’événement ne vient qu’aggraver l’environnement. Dans le scénario du pire, les rumeurs prétendent que la santé de certains établissements est tributaire du succès de ces émissions pour fortifier leurs bilans à l’approche des tests de résistance du régulateur financier. Les conditions du programme connu sous le nom d’ « Asset Quality Review » pourraient alors faire échouer des établissements importants et provoquer une résurgence du tant redouté risque systémique... Quel crédit accorder à cette hypothèse?  Sur le sujet spécifique à l’origine de la tour- mente, les autorités monétaires portugaises ont rassuré en affirmant que l’établissement visé était suffisamment capitalisé. Plus globalement, la Banque centrale européenne veille au grain et se montre déterminée à soutenir le système écono- mique et financier. De nouvelles mesures ont été annoncées le 5 juin dernier et d’autres pourraient suivre en cas de nécessité.

Sur le plan de l’allocation d’actifs,  les actions continuent d’offrir des perspectives plus intéressantes que les obligations d’États. Toutefois, il convient de réduire la cyclicité des portefeuilles en prenant des profits sur les actions des petites et moyennes capitalisations. 

En effet, après de fortes appréciations des cours,  le potentiel de plus-value associé aux titres des petites sociétés est désormais plus limité

(Source : analyse de Miarabaud Asset Management 

  • Mise à jour le : 06/08/2014

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