Thibault Loison : « Financière Arbevel gère aujourd’hui près de 2 Md€ »

Par : Benoît Descamps

Thibault Loison, responsable des relations partenaires de Financière Arbevel, fait le point sur les performances des fonds pour 2018, le développement de l’offre de gestion personnalisée auprès des CGP ou encore les objectifs de la société de gestion.

Profession CGP : Financière Arbevel va bientôt fêter son dixième anniversaire. Où en êtes-vous de votre développement ?

Thibault Loison : Financière Arbevel gère aujourd’hui près de 2 milliards d’euros. Les encours sont répartis de manière équivalente entre les huit compartiments de la Sicav Pluvalca d’une part (cinq actions, deux diversifiés et un obligataire) et les solutions de gestion dédiées (mandats institutionnels, mandats privés en direct ou intermédiés, fonds dédiés, etc.).

L’effectif a été renforcé de manière conséquente ces dernières années avec notamment six recrutements en 2018 – quatre à la gestion, un au contrôle interne et un à l’ingénierie –, portant notre effectif total à 34 personnes aujourd’hui.

A quelques jours de la fin de l’année, un mot sur les performances 2018 de vos fonds ?

T. L. : L’accumulation des risques géopolitiques (guerre commerciale sino-américaine, Brexit, dossier italien, etc.) a provoqué depuis le printemps la méfiance des investisseurs à l’égard des marchés actions. Les flux vendeurs ont provoqué une consolidation généralisée sur l’ensemble des classes d’actifs. La correction récente a été plus marquée sur les petites et moyennes capitalisations ainsi que sur les valeurs technologiques, chères à Financière Arbevel.

Dans ce contexte, les fonds Pluvalca n’ont pas échappé à la tendance baissière. En revanche, la forte diversification des portefeuilles a permis une meilleure gestion de la liquidité dans les conditions de marché actuelles.

Sur les deux dernières années où le marché a fortement progressé en 2017 puis corrigé en 2018, notre fonds patrimonial Pluvalca Evolution Europe affiche une performance supérieure à l’EuroStoxx 50 TR (+2,4 % vs +1,4 % du 31/12/2016 au 30/11/2018), avec une exposition aux actions d’un tiers de l’actif et une volatilité près de trois fois inférieure au marché. Pluvalca Evolution Europe cherche à donner accès à notre gestion actions de manière moins volatile grâce à une exposition limitée à 50 % de l’actif net. Cette poche actions est investie sur toutes les tailles de capitalisation en Europe. L’allocation entre ces dernières nous permet d’afficher de bonnes performances relatives au marché, ce qui est crucial pour l’investisseur en recherche d’asymétrie dans un contexte boursier sans tendance à court terme.

Quel est votre point de vue sur les petites et moyennes capitalisations, votre spécialité, qui ont beaucoup souffert cette année ?

T. L. : Le mouvement de consolidation des marchés observé depuis septembre a été exacerbé sur les petites et moyennes capitalisation. Leur contre-performance est, selon nous, davantage liée à une problématique de flux et à une désaffection pour le gisement, qu’à une sous-performance opérationnelle des sociétés concernées.

Nous restons confiants sur les perspectives de croissance bénéficiaire des entreprises sur lesquelles nous sommes investis (progression attendue des BPA 2018/19 de +15 à +20 %). Nous pensons que les futurs résultats permettront de rassurer les investisseurs sur les fondamentaux de nos sociétés en portefeuille.

Les valorisations des petites et moyennes valeurs sont désormais revenues sur des niveaux très attractifs : le PER moyen 2019 de l’indice CAC Small est de 12,5 x les bénéfices, soit un niveau équivalent à celui de 2013. Par ailleurs, ces mêmes sociétés sont beaucoup plus rentables aujourd’hui, puisqu’elles ont vu leurs bénéfices augmenter de 15% par an en moyenne depuis.

Même si le marché semble se focaliser sur le court terme, les vecteurs de croissance à long terme (meilleure gestion, dynamique de croissance, pricing power, innovation, etc.) sont bien présents et nous sommes confiants quant au potentiel des sociétés sur lesquelles nous sommes investis, dont la création de valeur est indéniable.

Comptez-vous lancer de nouveaux fonds prochainement ?

T. L. : Nous avons décidé d’étoffer notre offre avec le lancement fin décembre de Pluvalca Europe Small Caps, investi en petites et moyennes valeurs européennes (hors Royaume-Uni) de capitalisations comprises à l’achat entre 250 millions et 10 milliards d’euros. Pluvalca Europe Small Caps s’inscrira dans la philosophie et le processus de gestion historique de Financière Arbevel. Ce lancement vient compléter notre couverture de l’Europe, mise en œuvre depuis quatre ans sur nos fonds génériques et thématiques.

Pour vos partenaires CGPI, vous mettez actuellement l’accent sur votre offre de gestion sous mandat. Pour quelles raisons ont-ils intérêt à déléguer la gestion des portefeuilles de leurs clients ?

T. L. : L’évolution de la réglementation ainsi que la lourdeur administrative inhérente à chaque arbitrage rendent la gestion d’actifs plus compliquée pour les CGPI, qui doivent faire face à bien d’autres problématiques patrimoniales (juridiques, fiscales, immobilières etc.). Déléguer la gestion des portefeuilles permet d’assurer le suivi quotidien de ces derniers par des spécialistes et ce, dans des contextes de marché parfois difficiles. C’est aussi une manière de garantir la flexibilité et la réactivité de la gestion, qui est personnalisée en fonction du cahier des charges de chaque client. Le CGPI peut ainsi améliorer la gestion de ses actifs, conserver sa rémunération, assurer un meilleur service et offrir un suivi plus personnalisé à chacun de ses clients.

Quels sont les atouts de Financière Arbevel sur ce sujet par rapport à d’autres asset managers ?

T. L. : Indépendance, service, personnalisation et transparence sont les maîtres mots de notre gestion sous mandat. Nous choisir c’est opter pour un partenaire stable : des équipes pérennes assurant au quotidien le suivi des portefeuilles et disponibles pour répondre aux questions. Chaque partenaire a trois interlocuteurs dédiés afin d’assurer une plus grande proximité, une meilleure disponibilité et un service de plus grande qualité. Lors de la mise en place d’un nouveau mandat par exemple, nous délestons nos partenaires de la lourdeur administrative liée à l’ouverture du compte et nous occupons de toutes les formalités.

Chaque client ayant des problématiques spécifiques, nous avons pris le parti de personnaliser la gestion de nos portefeuilles en fonction du cahier des charge de chacun. Nous avons une grande latitude pour adapter notre gestion en fonction des besoins propres de nos clients : OPC Pluvalca, OPC externes, titres vifs (cotés/non cotés)…

Enfin, notre offre se veut transparente tant sur la gestion (des choix d’investissements simples et faciles à appréhender) que sur la rémunération (pas de frais cachés).

Dans un contexte de marché chahuté, il est important de rappeler que notre gestion sous mandat repose sur une approche patrimoniale, visant la préservation du capital en premier lieu, et la valorisation de ce dernier avec un risque contrôlé sur la durée de placement recommandée. Nous n’hésitons pas à réduire notre exposition aux actions et assumer un poids important de liquidités dans les portefeuilles de nos clients dans le but de protéger le capital si nous le jugeons nécessaire.

Notre GSM repose sur deux solides expertises : la multigestion et le stock-picking. La multigestion est l’un des principaux piliers de notre approche. Certains de nos portefeuilles ne sont pas investis sur les fonds de la gamme Pluvalca mais sont composés en totale architecture ouverte. En complément des investissements en fonds Pluvalca ou externes, les gérants sous mandat ont accès à la recherche interne des équipes de gestion pour enrichir les portefeuilles en titres vifs.

Comment accéder à cette offre ?

T. L. : Que ce soit au travers d’un compte titres, d’un PEA ou d’un FID de droit luxembourgeois, notre offre de gestion « sur mesure », intégrant une réelle personnalisation, un mixte d’OPC externes et des titres vifs est accessible à partir d’un million d’euros.

Nous proposons également une gestion moins personnalisée mais toute aussi performante à partir de 250 000 euros. Dans ce cadre, la gestion est réalisée exclusivement au travers des OPC Pluvalca. Les arbitrages en OPC externes sont alors réalisés au travers de notre fonds de fonds multi-assets international Pluvalca Multimanagers afin d’optimiser la flexibilité des portefeuilles, la structure de frais et la rémunération de nos partenaires.

Vous n’avez donc pas vocation à proposer de solution en matière de gestion pilotée…

T. L. : C’est vrai qu’il y a eu beaucoup d’engouement concernant la mise en place de mandats d’arbitrage ou de gestion pilotée « industrielle » qui offrent peu de marge de personnalisation face aux besoins des clients. A ce stade, nous préférons nous concentrer sur des clients plus conséquents, pour lesquels nous pouvons avoir une meilleure valeur ajoutée et un service plus haut de gamme.

Proposez-vous également la gestion de fonds dédiés ?

T. L. : Oui, notre gestion sous mandat est également accessible via des fonds dédiés (investis en OPC et/ou titres vifs). Aujourd’hui, nous avons plusieurs fonds pour des sociétés de gestion, des family offices ou des CGPI qui nous en ont délégué la gestion. Compte tenu du montant important des coûts fixes inhérents à la mise en place d’un fonds dédié, cette offre est accessible à partir de 10 millions d’euros.

Vous avez lancé cette année un FPCI sur les biotechs. Comment se passe la collecte ?

T. L. : Nous avons réalisé en octobre 2018 la clôture du premier tour de financement de notre fonds de private equity dans le domaine des sciences de la vie, appelé Arbevel Life Science Crossover I. Nous avons réuni 29 millions d’euros auprès d’un large parterre d’investisseurs de différentes natures : plusieurs institutionnels français de premier plan (Groupe Malakoff Médéric, la MGEN via Egamo, Groupe Pasteur Mutualité et Pro BTP), des grandes familles industrielles et des entrepreneurs à succès. Nous allons réaliser nos premiers investissements dans les tous prochains mois et ce dans des sociétés que nous suivons depuis plus d’un an.

Notre ambition est d’accompagner une dizaine d’entreprises vers une cotation (stratégie « crossover ») dans un délai de deux à trois ans ou vers une sortie industrielle dans un délai de trois à cinq ans. La France, et plus largement l’Europe, seront nos territoires d’investissement privilégiés.

Une deuxième vague de souscriptions va-t-elle être ouverte ?

T. L. : Nous organiserons en effet une seconde clôture, vraisemblablement au cours du troisième trimestre 2019, afin de permettre à de nouveaux investisseurs de nous rejoindre.

Les opérations de fusions ou d’absoprtions se multiplient sur votre marché. Comptez-vous également vous rapprocher d’un ou plusieurs autres confrères ?

T. L. : L’évolution de la réglementation qui a lieu dans notre secteur d’activité pousse effectivement de nombreux petits acteurs à grandir à tout prix via des fusions ou des opérations de croissance externes. L’objectif est d’obtenir une taille critique nécessaire à la pérennité de leurs activités.

Nous estimons aujourd’hui avoir une taille suffisante pour faire face au poids grandissant de la réglementation. Nous avons donc vocation à rester indépendants et privilégions la croissance organique, qui a fait le succès de Financière Arbevel depuis dix ans.

Quels sont vos objectifs pour 2019 ?

T. L. : Financière Arbevel poursuit sa stratégie consistant à capitaliser sur son expertise historique de stock-picker européen, tout en diversifiant son savoir-faire sur d’autres classes d’actifs : la gestion obligataire en développant les synergies entre analyse actions et crédit ; le non coté comme mentionné précédemment ; la gestion sous mandat et l’élargissement de notre offre de solutions dédiées.

La commercialisation à l’international constitue une autre priorité en visant dans un premier temps les pays limitrophes et francophones : Suisse, Belgique, Monaco et Luxembourg.

Que peut-on vous souhaiter pour les dix prochaines années ?

T. L. : Après deux premières années de présence active auprès des CGPI pour établir la marque Financière Arbevel, nous souhaitons continuer sur la même lancée, renforcer notre proximité auprès de ces derniers afin que les fonds de la gamme Pluvalca deviennent une référence en matière d’allocation d’actifs.

  • Mise à jour le : 10/01/2019

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