Banques privées, un marché très porteur

Par : Benoît Descamps

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Xavier Clavert, Partner senior spécialisé en banque au sein du cabinet de recrutement Michael Page, dévoile son sentiment vis-à-vis de l’évolution du marché du recrutement et des salaires dans les domaines de la gestion de patrimoine, la gestion privée et la gestion de fortune.

Profession CGP : Quel regard portez-vous sur le marché de l’emploi en gestion de patrimoine dans les banques à réseaux et les banques privées ?

Xavier Clavert : Nous distinguons trois grands marchés : la gestion de patrimoine, la gestion privée et la gestion de fortune. Malgré les fermetures d’agences réalisées et annoncées, le marché des gérants de patrimoine reste dynamique. Toutefois, nous assistons à un tassement au niveau des salaires depuis trois ans en raison des restructurations des réseaux. Il s’agit de postes où sont conseillées des personnes aisées, c’est-à-dire ayant des revenus supérieurs à 100 000 € par an et/ou ayant une épargne à confier comprise entre 150 000 € et 1 million d’euros. Sur les banques privées, le marché est clairement porteur. Il s’agit des profils dont les attributions sont de gérer des patrimoines compris entre un et trois millions d’euros, voir cinq millions d’euros pour certains établissements. Le banquier privé est en charge d’une clientèle de TNS ou de dirigeants d’entreprises. Ce dynamisme correspond à une montée en puissance du niveau d’expertise recherché. Ces établissements ont, en effet, la nécessité de se distinguer de la concurrence des banques en ligne et des conseils en gestion de patrimoine indépendants.

Enfin, celui de la gestion de fortune, qui correspond à conseiller des clients dont les actifs sont supérieurs à trois millions, reste, quant à lui, toujours très porteur eu égard à la pénurie de l’offre.

PCGP : La digitalisation n’a donc pas impacté ces professions…

X. C. : Non. Le métier n’a pas fondamentalement évolué. Les banques en ligne n’offrent généralement qu’un conseil très limité. En revanche, si la digitalisation facilite les échanges ou permet de gérer ou signer des contrats à distance et des transactions, elle ne vient pas sur le terrain du conseil.

PCGP : Eu égard au nombre de formations en gestion de patrimoine, le marché n’est-il pas saturé par le flot de ces nouveaux professionnels ?

X. C. : Non, le marché reste en croissance, même si les salaires pour les gérants de patrimoine stagnent depuis quelques années. Lorsque les compétences requises sont pointues, il existe une pénurie, comme sur la clientèle de dirigeant d’entreprise et encore plus pour les fonctions de family officer. Eu égard aux nombreuses cessions de sociétés attendues ces prochaines années, l’avenir appartient à ceux ayant su développer leur expertise sur la clientèle des chefs d’entreprises, ainsi qu’à ceux ayant la capacité de rapidement développer un portefeuille de clients haut de gamme en partant de zéro. Notons également qu’il existe un goulet d’étranglement en gestion de patrimoine sur la région parisienne. Pour évoluer dans leur carrière, les candidats doivent donc être conscients qu’ils devront être mobiles au niveau national.

PCGP : Les critères de recrutement ont-ils évolué ?

X. C. : Le temps où les banques de réseau pouvaient recruter des profils sans expertise technique réelle est révolu. L’approche produit a disparu au profit d’une démarche centrée vers le client et le conseil. Détenir un diplôme bac +5 en gestion de patrimoine est indispensable. Les masters de Clermont-Ferrand et de Dauphine restent clairement les plus appréciés.

PCGP : Quels sont les salaires proposés pour chacun des trois postes ?

X. C. : Pour les gérants de patrimoine, en banque à réseau, ayant au moins trois années d’expérience et diplômés, le niveau de salaire est d’environ 40 000 à 45 000 euros bruts pour la partie fixe en Ile-de-France (10 à 20 % de moins en région), de 5 000 à 8 000 euros pour la partie variable, et une partie participation/intéressement d’environ 10 %. Pour un profil ayant entre six et sept années d’expérience, le fixe s’élève à plus ou moins 50 000 euros bruts et la partie variable entre 7 000 et 10 000 euros.

Pour les banquiers privés, l’expérience requise est plus forte : sept à huit années en gestion de patrimoine ou mieux deux à trois années en banque privée, le tout avec un fort niveau de technicité en matière de cession-transmission d’entreprise et une bonne maîtrise de l’anglais. Dans les réseaux bancaires, le salaire atteint 50 000 à 60 000 euros bruts avec un bonus compris entre 10 000 et 15 000 euros, plus la participation et l’intéressement. Un directeur d’agence de banque privée manageant cinq à six gérants privés pourra quant à lui prétendre à une rémunération comprise entre 65 000 et 75 000 euros bruts et un bonus d’environ 15 000 euros. Pour les banques privées spécialisées et les cellules de gestion privée des sociétés de gestion, la rémunération sera supérieure, car le profil sera celui d’un chasseur ayant la capacité de créer rapidement un portefeuille et collecter dix à quinze millions d’euros par an. On pourra atteindre un salaire de 70 000 à 75 000 euros bruts fixe qui pourra être doublé par les bonus. Enfin, en gestion de fortune, il existe une prime aux développeurs également, ainsi qu’à ceux disposant d’une clientèle fidélisée. Les niveaux de salaire sont donc bien plus élevés.

  • Mise à jour le : 22/06/2017

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