Michel Dinet (Richelieu Gestion) : « Ces premiers mois n’hypothèquent pas une possible performance positive sur l’année »

Par : Benoît Descamps

Michel Dinet, directeur du développement de Richelieu Gestion depuis janvier 2019, nous expose les positions prises actuellement sur les principaux fonds de la gamme actions, et la stratégie actuellement déployée sur le fonds d’allocation, Richelieu Harmonies.

 

Profession CGP : Comment se sont comportés vos fonds actions en ce début d’année ?

Michel Dinet : Notre stratégiste et allocataire d’actifs, Alexandre Hezez avait déjà perçu un ralentissement économique depuis le début de l’année, ce qui s’est traduit par un changement des thèmes de prédilection. Globalement, nos fonds se sont donc bien comportés depuis le début de l’année et sont généralement classés dans le premier quartile, voire décile de leur catégorie. Ces premiers mois n’hypothèquent donc pas une possible performance positive sur l’année.

C’est par exemple le cas de notre fonds Richelieu America, que nous avons lancé en décembre, a bien résisté avec une perte limitée. La performance est en absolue moins bonne pour notre fonds actions européenne, Richelieu Family Small Cap (- 10,19 % - source : Quantalys, au 27/04/2020)), mais satisfaisante en relatif. C’est le cas également pour le fonds Richelieu CityZen, créé en novembre dernier, à -13,56 % (source : Quantalys, au 27/04/2020).

Ainsi, il s’agit de performances qui reflètent une baisse de marchés, et non pas un krach de -25/-30 %.

 

Qu’en est-il de votre fonds diversifié Richelieu Harmonies ?

M. D. : Sa performance est de -4,04 % depuis le début de l’année (au 27/04/2020, source : Quantalys). Son comportement est donc conforme à son objectif. D’ailleurs, le fonds est resté dans ses bornes de volatilité, à 7 % sur un an (il est calculé sur cinq ans pour les profils SRRI). Cette maîtrise de la volatilité dans les périodes tourmentées est un des enseignements de cette crise ; en effet certains fonds ont eux dévié fortement de leur volatilité cible…

Aujourd’hui, le fonds est investi à 79 % en obligations, notamment 31 % à court terme, des obligations souveraines européennes (notamment le Portugal) pour 15 %, de titres investment grade (16 %) ou encore des hybrides corporate (15 %). La poche actions d’environ 20 % exposée à nos grands thèmes et majoritairement en Europe (60 %), devant les US (35 %) et l’Asie (3 % via un fonds). Si les actions représentent 20 %, elles jouent actuellement pour 70 % de nos risques.

 

Quels sont vos thèmes de prédilection depuis le début de l’année ?

M. D. : Nous avons en effet fait le choix de ne plus être exposés sur des secteurs ou des zones géographiques, mais sur des thèmes transversaux. Aujourd’hui, les équipes de gestion privilégient :

- la sécurité qui peut être alimentaire, digitale, physique, d’approvisionnement… ;

- la santé, qui avait été délaissée l’an passé, et en particulier les biotechs, les tests, les produits médicaux ;

- la transformation des modes de consommation, que la crise à d’ailleurs accéléré et dont profitent des valeurs comme Amazon ou Netflix ;

- et les marques fortes qui disposent d’un pricing power.

Nous avons sorti les valeurs cycliques des portefeuilles, notamment l’automobile ou les entreprises très industrielles.

A cela, notre politique ESG nous a permis de nous écarter de secteurs tels que celui des matières premières.

 

Un mot sur la réaction de vos partenaires CGP face à cette crise ?

M. D. : Encore une fois, ils ont prouvé leur capacité à réagir et à prendre en main les outils digitaux mis à leur disposition. S’ils souffrent d’une activité réduite – report des ventes immobilières ou des cessions d’entreprise -, ils font preuve de présence et de pédagogie vis-à-vis de leurs clients, lesquels ont bien compris que la crise n’était pas financière. Ainsi, ils ont redynamisé les portefeuilles considérant que les points d’entrée étaient attractifs dès lors que l’horizon d’investissement est long.

On observe d’ailleurs également une forte demande pour la gestion sous mandat via des FID et pour des stratégies de gestion très diversifiées. D’ailleurs, nous allons prochainement lancer un FID ESG. 

  • Mise à jour le : 07/05/2020

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