L’éducation, un des enjeux majeurs du XXIe siècle

Par : edicom

Par Guillaume Uettwiller, gérant actions thématiques de CPR AM

L’éducation joue un rôle déterminant dans le développement humain, social et économique de chacun des grands pays développés ou émergents. C’est une des priorités de la communauté internationale, et à ce titre, l’Onu en a fait un objectif de développement durable (ODD n° 4) afin d’« assurer une éducation inclusive et équitable de qualité, et promouvoir des possibilités d’apprentissage, tout au long de la vie pour tous ».

L’éducation est, de toute évidence, l’un des leviers les plus puissants et une des clés pour parvenir à la réalisation de presque tous les autres ODD et ainsi lutter contre la pauvreté et les inégalités, et assurer aux individus un meilleur niveau de vie et une bonne santé.

Systèmes éducatifs publics vs privés, financement de l’éducation, retour sur investissement pour les individus et les Etats, obsolescence des compétences, formation tout au long de la vie… Les vrai-faux pour mieux comprendre les enjeux de l’éducation.

Les dépenses d’éducation, une priorité pour tous les gouvernements
Vrai, même si des disparités existent

En 2016, les pays de l’OCDE ont consacré en moyenne 5 % de leur PIB au financement de leurs établissements d’enseignement, du primaire au supérieur. Ce poste représente en moyenne 14 % des dépenses publiques, mais ce niveau s’avère très variable d’un pays à l’autre, et représente beaucoup plus pour certains pays émergents.

Si l’on regarde la zone euro, les dépenses publiques d’éducation représentent en moyenne 5,1 % du PIB de la zone mais, là aussi, les disparités sont fortes, elles vont de 3 % pour certains pays de l’Est à plus de 7 % dans les pays du Nord. Il est intéressant de souligner que les dépenses publiques d’éducation ont été relativement épargnées lors des coupes budgétaires qui ont suivi les crises de 2008-2011, ce qui montre le caractère particulier de ce poste de dépenses publiques. Entre 2008 et 2014, les dépenses publiques d’éducation ont augmenté de 9 % (1) pour les pays de l’OCDE.

Les financements privés se substituent aux financements publics
Faux, ils sont complémentaires

Dans les pays de l’OCDE, les établissements d’enseignement restent en grande partie financés par les pouvoirs publics, même si la part des fonds privés a tendance à croître et devient plus significative dans l’enseignement tertiaire que dans le primaire ou le secondaire.

En moyenne, 85 % (2) du financement des établissements primaires et secondaires, niveaux relevant de la scolarité obligatoire, proviennent directement de sources publiques. Cette proportion descend à 60 % pour l’enseignement supérieur.

Si on regarde les extrémités, la part privée représente près de 30 % du financement de l’enseignement global en Australie, au Chili ou aux Etats-Unis, mais moins de 5 % au Danemark, au Luxembourg ou en Suède.

Il est important de noter que le financement privé ne se substitue pas au financement public, mais vient le compléter. C’est notamment le cas aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, où les dépenses publiques d’éducation représentent plus de 5 % du PIB, soit la moyenne de l’OCDE, et sont complétées par des dépenses privées qui s’élèvent à 1,5 à 2 % du PIB.

Des dépenses élevées dans l’éducation favorisent les performances individuelles et économiques
Pas si simple

Les travaux de recherche ne permettent pas de trancher sur la question de l’existence de relations stables entre les ressources allouées à l’éducation et les performances des élèves ou les performances économiques d’un pays.

L’OCDE qualifie la relation entre le PIB par habitant et les dépenses d’enseignement de « complexe ». Cela étant dit, l’OCDE constate, tout de même, que l’éducation permet d’accroître la productivité, et qu’il existe des rendements public et privé de l’éducation qui sont étroitement liés. L’élévation du niveau de formation tend à se traduire par une augmentation des revenus des individus, conduisant à un rendement dit privé. Les diplômés de l’enseignement tertiaire sont amenés à payer plus de cotisations sociales et d’impôts sur le revenu, et requièrent moins de transferts sociaux, apportant ainsi un rendement public.

En moyenne, dans les pays de l’OCDE, le rendement public net de l’investissement (recettes fiscales supplémentaires moins coût public des années d’études) dans la formation tertiaire s’élève à 154 000 dollars américains (USD) environ pour un homme et 83 000 USD pour une femme.

L’avantage économique à long terme (pendant la vie professionnelle, hors retraite) pour une personne qui a terminé des études supérieures s’établit à plus de 250 000 USD pour un homme et de 150 000 USD pour une femme. Ce gain financier tient compte des coûts associés à des études prolongées (frais de scolarité et de subsistance, manque à gagner).

Un niveau de formation supérieur permet de réduire le taux de chômage
Vrai, pour les pays développés

Pour les pays de l’OCDE, le taux de chômage des diplômés du supérieur est bien plus faible que celui des personnes ayant arrêté leurs études dans le secondaire, soit 4,1 % vs 10,8 %. Le taux d’emploi des adultes est de 83 % chez les diplômés de l’enseignement supérieur, contre 76 % pour ceux de l’enseignement secondaire et seulement 58 % chez ceux qui n’ont pas de diplôme du 2e cycle de l’enseignement secondaire.

Ce lien est moins évident dans certains pays en voie de développement, du fait de leur spécialisation dans les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre ne requérant pas nécessairement de formation supérieure, ou bien de formations supérieures pas toujours adaptées aux besoins du marché du travail.

Les chômeurs n’ont pas les compétences recherchées par les employeurs
Vrai, notamment dans certains pays développés

L’état du marché du travail s’est nettement amélioré ces dernières années dans les pays développés, la baisse marquée du taux de chômage en est une preuve évidente. Néanmoins, des problèmes structurels subsistent, comme une forte inadéquation entre offre et demande de compétences. Les employeurs peinent à recruter des employés disposant des compétences dont ils ont besoin. Quand on interroge les petites entreprises aux Etats-Unis et en Europe du problème le plus important auquel elles font face, leur réponse n° 1 n’est ni le manque de demande, ni la régulation excessive ou la fiscalité trop élevée, mais la difficulté à recruter du personnel compétent.

Aux Etats-Unis, on compte moins de 6 millions de chômeurs, mais 7 millions de postes ouverts. L’une des raisons pour lesquelles le chômage ne baisse pas plus rapidement dans un contexte aussi favorable est que les chômeurs n’ont pas les compétences qui sont recherchées par les employeurs. Ce phénomène porte le nom de « skills mismatch ».

Les nouvelles technologies sont responsables de ce décalage entre l’offre et la demande d’emplois
Vrai, mais ce n’est pas la seule explication

Les évolutions technologiques précipitent l’obsolescence des compétences, c’est-à-dire le fait que les compétences deviennent progressivement hors d’usage et moins en phase avec les besoins des entreprises.

Le Cedefop (Centre européen pour le développement de la formation professionnelle), une agence de l’Union européenne, explique que l’obsolescence des compétences est une conséquence des restructurations industrielles et du changement des besoins de compétences dans les secteurs ayant fortement recours aux nouvelles technologies (par exemple, technologie de l’information et de la communication, finance, activités scientifiques).

Dans le même temps, pour des raisons de financement des pensions de retraite, l’allongement de la durée de la vie pousse les gouvernements à repousser progressivement l’âge de départ à la retraite. Nous travaillons donc plus longtemps. Ces grandes tendances (allongement de la durée de la vie, progrès technologiques) vont exacerber les besoins de formation continue. En effet, la formation des individus qui sont déjà dans la population active, est l’un des moyens de résoudre cette inadéquation entre offre et demande de compétences.

Le report de l’âge de la retraite, une spécialité du Vieux Continent
Faux

Au Japon, le Premier ministre Shinzo Abe a déclaré que l’une des priorités de son gouvernement pour les prochaines années serait de permettre à la population de travailler plus longtemps et de ne toucher sa pension de retraite qu’à partir de 70 ans. Dans ce pays, le taux de participation des plus de 65 ans a grimpé de plus de cinq points depuis la fin 2010, à près de 25 % de la population. Globalement, le vieillissement de la population va s’accompagner d’une période de vie active plus longue. Le Bureau international du travail prévoit que le taux de participation des plus de 65 ans augmentera nettement aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou en Allemagne d’ici 2030.

Mes compétences vont être rapidement dépassées
Vrai, mais ce n’est pas une fatalité !

Dans l’Union européenne, 46 % des adultes en emploi pensent qu’il est vraisemblable ou très vraisemblable que plusieurs de leurs compétences seront dépassées dans les cinq prochaines années. Le remplacement total ou partiel d’emplois par l’automatisation accroît ou va accroître le besoin de formation en cours de carrière, car les employés devront s’adapter à de nouvelles fonctions, voire à de nouveaux secteurs d’activité. Les compétences de demain seront différentes des compétences d’aujourd’hui.

Aussi, l’allongement de la présence sur le marché du travail impliquera davantage de transitions en cours de carrière : d’un poste à un autre dans une même entreprise, d’une entreprise à une autre, d’un secteur à un autre. Les reconversions seront plus fréquentes et nécessiteront dans la plupart du temps l’acquisition de nouvelles compétences.

Pour toutes ces raisons, la formation tout au long de la vie s’imposera de plus en plus comme un impératif économique.

Le rapport « Future of skills and Lifelong Learning » publié par le Government Office for Science, un organe de conseil du gouvernement britannique, conclut : « La sécurité économique ne viendra pas du fait d’avoir un emploi à vie, mais du fait d’avoir la capacité de maintenir et renouveler les compétences adéquates grâce à la formation tout au long de la vie ».

L’éducation, un marché ?

Comme la plupart des pays occidentaux ont privilégié et prôné jusqu’à présent des modèles d’éducation publique – la France en est un parfait exemple –, il est difficile aujourd’hui de ne pas susciter le débat quand on parle de marché de l’éducation.

Au niveau mondial, il est estimé en 2015 à 5 000 Md$, soit 6 % du PIB mondial annuel. A titre de comparaison, le marché du luxe représente entre 250-300 milliards. Il recouvre principalement les établissements scolaires (91 %) – de la petite enfance aux écoles du tertiaire –, les organismes de formations professionnelles et de certifications (8 %), ainsi que l’apprentissage des langues (1 %).

Si aujourd’hui le financement est majoritairement public, le décalage entre l’offre et la demande de compétences des entreprises, l’orientation des pays émergents vers des modèles privés, le développement de la technologie éducative (EdTech) vont orienter davantage les dépenses vers des acteurs privés. Le marché de l’éducation devrait doubler d’ici 2030.

A titre d’illustration, la EdTech qui ne représente que 2 % du marché aujourd’hui, devrait augmenter de 17 % par an d’ici 2020 pour atteindre 252 milliards de dollars (3).

1. OCDE, Regards sur l’éducation, 2017. Chiffres en prix constants 2014.

2.. OCDE – 2017 Regards sur l’éducation. Les bénéfices sont calculés en tenant compte des recettes fiscales, des cotisations sociales, des transferts sociaux et des allocations chômage. Les coûts comprennent les dépenses publiques d’éducation et le manque à gagner fiscal lié au démarrage plus tardif de la vie professionnelle.

3. Citigroup

 

La bonne équation pour combiner sens et recherche de performance

Parmi les pionniers de l’investissement thématique, avec notamment la stratégie Silver Age lancée en 2009, CPR AM s’appuie sur les grandes tendances de notre siècle pour les transformer en thèmes d’investissement porteurs de croissance de long terme. L’investissement responsable prend tout son sens dans la gestion thématique où mégatendances et développement durable partagent la même vision d’impact long terme. Nous cherchons ainsi à élaborer des véhicules d’investissement capables de concilier impact social et/ou environnemental positif et performance financière.

Lancé le 2 octobre dernier, CPR Invest-Education est un fonds actions internationales qui investit ainsi sur tout l’écosystème éducatif, de la petite enfance jusqu’à la formation continue en milieu professionnel tout en intégrant une approche d’investissement responsable.

Il cherche à bénéficier de la demande croissante et des dépenses privées en hausse significative dans l’éducation tout au long de la vie.

L’univers d’investissement s’articule autour de trois piliers. Un pilier central autour de l’accès à l’éducation et au monde du travail inclut les écoles, collèges, lycées et universités cotées ainsi que la formation continue, et les agences de recrutement et de gestion des talents.

A celui-ci s’ajoutent deux piliers connexes autour des contenus et outils pédagogiques et les services aux étudiants comme les logements étudiants, ou les services de restauration et de transport scolaires.

L’approche ESG vient ensuite filtrer à trois niveaux l’univers : exclusion des mauvaises pratiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) de façon globale et sur une sélection de critères spécifiques à l’éducation ainsi que les valeurs sujettes à des controverses ESG élevées.

CPR Invest-Education, c’est l’opportunité d’adresser le défi de l’éducation. C’est le seul véhicule d’investissement côté qui le permet aujourd’hui. Il constitue par ailleurs une source de diversification d’un portefeuille d’investissement avec un recoupement de seulement 6 % avec le MSCI ACWI (All Country World). « Nous considérons que la dynamique de l’univers, les tendances de long terme associées à la thématique et notre approche d’investissement responsable constituent les bons éléments d’une équation combinant sens et recherche de performance. »

  • Mise à jour le : 26/06/2019

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