L’actualité de la CNCIF avec son président, Stéphane Fantuz

Par : Benoît Descamps

Tout récemment réélu pour trois ans à la tête de la CNCIF (Chambre nationale des conseils en investissements financiers), Stéphane Fantuz revient sur la nouvelle orientation donnée à l’association, l’actualité réglementaire et exprime son mécontentement vis-à-vis de l’organisation du nouveau Sommet BFM Patrimoine

Profession CGP : Vous avez été récemment réélu à la tête de la CNCIF. Quelles sont vos ambitions pour un nouveau mandat de trois ans ?

Stéphane Fantuz : Tout à fait. Le conseil d’administration m’a renouvelé sa confiance et nous avons procédé à l’élection du nouveau bureau. La nouvelle orientation de la CNCIF se devait de prendre en compte la sortie des conseils en haut de bilan du périmètre d’activité du statut de CIF et d’affirmer le positionnement de la CNCIF comme une association de référence en matière de conseil. Le bureau se compose désormais de deux vice-présidents : Pierre-Yves Lagarde, dont la réputation en matière d’expertise et de conseil n’est plus à faire, et d’Emmanuelle Gérino, qui représente les CIF spécialisés sur le conseil aux institutionnels. Nous comptons aujourd’hui environ 200 professionnels dans ce domaine qui opèrent quotidiennement auprès d’investisseurs dont le niveau d’exigence est très élevé et qui retrouvent ce même niveau de qualité à la CNCIF. C’est là l’une de nos spécificités.

Nous avons renforcé ce positionnement avec la présence d’une spécialiste du family office Edmée Chandon-Moët, au poste de trésorière. Enfin, au poste de secrétaire général, Bruno Confavreux nous apportera son expertise des groupements/réseaux de CGP, ainsi que sa connaissance des partenaires produits. Cette dernière expertise sur les réseaux se justifie, car nous estimons qu’ils vont prendre davantage de place dans les années à venir : beaucoup de nos membres s’interrogent sur la nécessité de poursuivre leur activité en s’appuyant sur un groupement et si oui lequel ? Par ailleurs, avec les réglementations MIF 2 et DDA, les relations avec les fournisseurs de produits doivent être plus étroites. Qui mieux qu’un fournisseur pour expliquer toutes les arcanes d’un produit quand il en a fait une de ses spécialités. Or cette information dans le cadre de la gouvernance produit est indispensable aux CGP qui deviennent les vecteurs de cette gouvernance produits auprès de leurs clients. Ces relations avec eux reposent sur une démarche pédagogique visant à renforcer toujours plus l’expertise conseil de nos CGP.

A travers la constitution de ce nouveau bureau, nous avons donc souhaité envoyer des messages clairs à notre écosystème, à savoir notre volonté de promouvoir un conseil de haut niveau, tant au niveau des acteurs du conseil en gestion de patrimoine, du family office qu’à celui des conseils aux institutionnels ; notre positionnement vis-à-vis des groupements et la poursuite d’un dialogue avec les fournisseurs qui nous est propre.

En juin prochain, le bureau se réunira afin de déterminer les orientations stratégiques de notre Chambre et les domaines dans lesquels notre association doit encore progresser.

Un mot sur le rapprochement avec l’ACIFTE ?

S. F. : L’assemblée générale de la CNCEF lors de nos Assisses de mars dernier a acté le principe de l’accueil de l’ACIFTE au sein de la galaxie CNCEF. L’AG de l’ACIFTE qui s’est déroulée ce lundi 28 mai a validé la sortie de tous leurs membres qui devaient garder le statut de CIF, parmi lesquels majoritairement des conseils aux institutionnels. Ces derniers ont d’ores et déjà rejoint la CNCIF, tandis que nos membres conseil en haut de bilan vont rejoindre les leurs au sein de l’ACIFTE dont le nom va prochainement changer.

Notre volonté est de faire reconnaître ce métier du conseil en haut de bilan essentiel à l’économie française, pour que nos entreprises grandissent et que nos emplois soient préservés. Nous sommes d’ailleurs très sensibles aux propositions formulées dans la loi PACTE. Nous avons un rôle à jouer pour la reconnaissance de la profession, le développement des bonnes pratiques et, à terme, la reconnaissance d’un statut.

Un point sur la réglementation des CGP ?

S. F. : Notre kit réglementaire pour MIF 2 est prêt ; celui pour DDA le sera pour le 1er octobre prochain.

A propos de DDA, il semblerait qu’on se dirige pour le process à appliquer en cas d’arbitrage au sein d’un contrat d’assurance-vie vers une recommandation personnalisée optionnelle ce qui était le souhait des professionnels. Le constat que l’on fait à l’orée de la mise en œuvre de ces 2 directives, c’est que les exigences de qualité, de transparence, …. qui sont indispensables à la profession sont en pratiques excessives et pas toujours aisées à mettre en œuvre et ce au détriment même du client final pour qui l’offre risque d’être au mieux standardisée, au pire réduite. La CNCIF est d’ores et déjà en route pour MIF 3 avec cette fois la volonté d’être en amont des textes pour que ceux-ci soient plus adaptés à notre pratique.

Et s’agissant du plafonnement des commissions en cas d’intermédiation en immobilier défiscalisant ?

S. F. : Nous sommes dans l’attente du rapport d’évaluation de la mesure par l’expert désigné. Nous espérons que ce rapport permettra au gouvernement de modifier la loi et dans une moindre mesure, d’adopter un décret qui réponde à la réalité de la pratique professionnelle.

Quelles sont vos autres actualités ?

S. F. : Au sein de la galaxie des associations rattachées à la CNCEF, nous pouvons noter que la CNCIOB est désormais notre organisation représentative pour l’intermédiation mais également pour le courtage d’assurance. Ainsi la CNCIOB dont le nom devrait également évoluer, se positionne comme l’interlocuteur de l’ACPR, la CNCIF celui de l’AMF et la CNCEIP celui du CNTGI.

Vous avez récemment exprimé votre mécontentement quant à l’organisation, le 6 décembre prochain, du Sommet BFM Patrimoine…

S. F. : Comme mes confrères, ma surprise a été totale lorsque j’ai découvert l’organisation de cette nouvelle manifestation. Nous venions de prendre contact avec les organisateurs de BFM après en avoir vaguement entendu parler pour en connaître les détails et voir si nous pouvions y prendre part. C’est alors que nous avons découvert qu’il s’agissait d’une manifestation commerciale, montée de longue date entre BFM et la CNCGP, brandée à leur nom, écartant volontairement les trois autres associations et par voie de conséquence leurs membres. Nous déplorons une telle attitude. Comment un événement qui se veut d’une ampleur nationale peut-il réussir en écartant, de fait, 75 % des professionnels ?

Cette démarche a un effet négatif car elle tend à diviser la profession, alors que les CGP sur le terrain, quelle que soit leur association, réclament davantage d’unité. Elle témoigne de l’ostracisme de notre confrère, qui considère que seuls ses membres sont des professionnels de qualité.

  • Mise à jour le : 31/05/2018

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