Le prolongement naturel d’une offre de services

Par : Benoît Descamps

Président du Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables depuis mars 2015, Philippe Arraou revient sur le développement de la mission de conseil en gestion de patrimoine par les experts-comptables. Il a d’ailleurs lui-même créé une structure ad hoc dans son cabinet pour conseiller ses clients dans le domaine.

Profession CGP : Comment se comportent les experts-comptables vis-à-vis de la mission de conseil en gestion de patrimoine ?

Philippe Arraou : Depuis plusieurs années, nos membres démontrent de l’intérêt pour ce sujet ; et en fonction de leur sensibilité, certains se sont même spécialisés en se formant dans ce domaine. Néanmoins, nous n’avons pas les moyens de quantifier le nombre de nos confrères ayant développé cette spécialité. Cet attrait pour la gestion de patrimoine a débuté en 2007 lors du congrès d’ECF qui y avait consacré sa thématique. Ce syndicat va d’ailleurs, cette année encore, y dédier son congrès. La gestion de patrimoine concerne tous les dirigeants de petites et moyennes entreprises et donc, a fortiori, tous les experts-comptables. La profession jouit de la confiance de ses clients et la gestion de patrimoine fait naturellement partie des sujets régulièrement abordés avec eux.

Par ailleurs, le vieillissement de la population et les nombreuses transmissions d’entreprise à venir ne peuvent être ignorés par notre profession. Les questions liées à la cession d’entreprise et son impact dans le patrimoine privé du dirigeant sont également à aborder.

L’ouverture de nos missions à la gestion de patrimoine est donc une démarche logique et cohérente pour les experts-comptables qui s’y engagent ; c’est un prolongement naturel de notre offre qui répond aux attentes de nos clients. Mais il s’agit d’une expertise à part entière.

PCGP : Depuis 2007, les évolutions réglementaires ont favorisé le développement de cette activité…

P. A. : Tout à fait. Depuis 2010, nous pouvons proposer nos services aux particuliers, et non plus aux seules entreprises. Cela concerne le conseil fiscal aux particuliers, notamment. Et la loi Macron du 6 août dernier nous permet de délivrer une prestation de conseil quand bien même il n’y ait pas de mission comptable associée. Cela nous permet donc d’accompagner les clients dans la gestion de leur patrimoine.

Toujours est-il que les experts-comptables opèrent sur ce marché dans leur cadre réglementaire et déontologique. Ce qui confère à la relation un cadre de sécurité certain.

PCGP : Toutefois, tous les cabinets d’expertise-comptable ne peuvent développer une activité de conseil en gestion de patrimoine.

P. A. : C’est vrai, seule une partie de la profession s’est engagée sur cette voie. Pour les missions de conseil en gestion de patrimoine, il est indispensable que l’expert-comptable, ou un collaborateur dédié, ait suivi une formation spécifique et qu’il la maintienne à niveau. D’autres ont créé des joint-ventures avec des personnes qualifiées. Cette démarche intéresse de nombreux confrères et il semble que de plus en plus de structures se soient formées de la sorte.

Ceux n’ayant pas acquis cette expertise peuvent aller la chercher ailleurs, chez un CGP ou une structure spécialisée. D’ailleurs, un certain nombre de sociétés spécialisées gravitent autour de nos cabinets. Aux experts-comptables de s’appuyer sur leurs savoir-faire et de construire avec eux une relation pouvant satisfaire les besoins de leurs clients.

PCGP : Le CSOEC dispose d’un Club social et d’un Club fiscal. A quand la création d’un Club patrimonial ?

P. A. : Ce sujet est en cours de réflexion. Des structures existent déjà, dont notamment le CEP (Club expert patrimoine). Il convient de mesurer l’intérêt supplémentaire que pourrait apporter notre institution. L’esprit de nos clubs est de nous rapprocher d’autres professionnels et de partager nos expériences et savoir-faire. Nos deux clubs fiscal et social connaissent un vif succès, à l’échelle de l’ensemble du territoire.

PCGP : Dans ce domaine, quel type de relation entretenez-vous avec les associations professionnelles de conseillers en gestion de patrimoine indépendants ?

P. A. : Pour l’heure, aucune relation institutionnelle n’a été établie avec les associations de conseillers en gestion de patrimoine. En revanche, sur le terrain, nous observons des relations en bonne intelligence, le conseiller en gestion de patrimoine bénéficiant des recommandations de l’expert-comptable.

Nous avons des liens étroits avec la CCEF, où participent de nombreux CGP, et qui a l’avantage de promouvoir l’interprofessionnalité, sujet d’actualité auquel l’Ordre des experts-comptables est attaché.

  • Mise à jour le : 01/03/2016

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