Digit’Owl : former les générations futures au numérique

Par : Benoît Descamps

Accompagner les enfants, quel que soit leur milieu social, à mieux appréhender l’environnement digital dans lequel ils sont nés, tel est l’objectif que s’est fixé Marilyne Perenet lorsqu’elle crée Digit’Owl il y a quatre ans. Après une première levée de fonds, il y a un peu plus d’un an, principalement souscrite par 123 IM, la société a accéléré son développement et vise le million d’élèves formés, d’ici deux ans.

D’ici 2030, un emploi sur trois sera exercé dans le secteur du digital. Face à ce constat et aux manques observés sur le terrain, Maryline Perenet décide de lancer Digit’Owl, une société qui vise à accompagner l’apprentissage de l’environnement numérique aux plus jeunes, de la grande section à la terminale et de manière inclusive.

« S’il s’agit de générations nées avec le digital, elles sont généralement passives face à la technologie, constate Maryline Perenet (photo). De par mes expériences passées, notamment à l’étranger, j’ai pu constater que la culture numérique et son apprentissage étaient peu développés en France, contrairement à d’autres pays, en particulier la Chine et les Etats-Unis. Avec Digit’Owl, notre objectif est de rendre accessible le monde du numérique en accompagnant les élèves, quel que soit leur milieu social, à mieux appréhender ce qu’est le code, un algorithme… Et ce toujours de façon ludique et active. Nos techniques d’apprentissage leur permettent également de développer leurs compétences en maths, sciences, et encouragent le développement personnel : apprendre par soi-même, à s’exprimer à l’oral, à prendre confiance en soi. »

En France, des lois ont été votées pour encourager l’apprentissage de ces technologies et techniques, dès 2015. L’apprentissage des algorithmes est ainsi au programme de l’Education nationale, depuis 2016, et obligatoire dès le CE1. Néanmoins, en pratique, le corps enseignant se heurte à un manque de formation et de ressources.

15 millions d’élèves concernés

Dès lors, Digit’Owl aborde son marché – 15 millions d’élèves en France – selon trois canaux : une équipe d’intervenants venant animer des ateliers dans les écoles, des cahiers d’élèves accessibles aussi bien par les enseignants que par les parents d’élèves et de l’e-learning. « En cumulant e-learning et cahiers, cela permet d’accéder à soixante heures de cours sur une année pour 250 euros par classe. Les ateliers en présentiel sont au prix de 50 euros par jour et par élève », précise Maryline Perenet. Aujourd’hui, une quarantaine d’écoles suivent les ateliers en présentiel essentiellement dans les grandes métropoles ainsi qu’à Bruxelles. De leur côté, les enseignants peuvent accéder gratuitement à une plate-forme de ressources pédagogiques qui compte aujourd’hui trois mille membres, pour quinze mille documents téléchargés.

Les ressources proposées par Digit’Owl poursuivent trois principaux objectifs : disposer d’une culture numérique, apprendre le langage binaire et savoir comment fonctionne un algorithme. « L’objectif n’est pas d’en faire de futurs codeurs, mais qu’ils comprennent la logique. Le tout est réalisé sans le recours à des écrans », ajoute Maryline Perenet.

Apprendre en s’amusant

Si la société s’adresse principalement aux écoles, eu égard à sa volonté d’être inclusive, ses enseignements sont également proposés dans des tiers lieux avec des associations ou encore via des entreprises dans le cadre de leur politique RSE. Par exemple, pendant les vacances de Pâques, des ateliers ont été mis en place avec la fondation Good Planet pour permettre aux enfants d’appréhender les bienfaits des Clean Techs. « Ici, les enfants ont, par exemple, programmé un capteur d’humidité, tandis que d’autres ateliers ont permis de sensibiliser les enfants sur la biodiversité, l’apiculture…, confie Maryline Perenet. Puis les enfants ont reproduit le parcours d’une abeille – de la ruche à la fleur – en programmant un robot. A la fin de la semaine, ils avaient construit la ville du futur, ensemble, en mode projet. » Un partenariat avec la société Kappla a été mis en place à Lyon et a permis, par exemple, d’enseigner la notion d’algorithme avec la programmation d’un robot, ainsi que la cryptologie, tout en expliquant qu’il est important de protéger ses données personnelles et de savoir comment il est possible de les préserver.

Une levée de fonds pour se structurer

Depuis un an, la société est accompagnée par 123 IM pour accélérer son développement. « En mai 2020, alors que nous étions en plein confinement et que nous avions dû arrêter nos prestations, 123 IM n’a pas souhaité retarder ou reporter l’opération et nous a apporté les fonds nécessaires à notre développement », tient à préciser Maryline Perenet.

Digit’Owl a pu structurer son activité qui compte désormais trente-cinq collaborateurs avec les recrutements d’un directeur commercial et d’un directeur de la pédagogie, notamment. Ces produits aujourd’hui installés, il convenait d’accélérer la présence de la société auprès de ses utilisateurs et accroître les ressources pédagogiques mises à disposition sur les différents canaux. « L’éducation est un thème que nous suivons depuis de nombreuses années, car très résilient, avec des fondamentaux solides que sont le besoin d’une formation tout au long de la vie et l’allongement de la durée des études, indique Isabelle Deby (photo), membre du directoire d’123 IM. Nous souhaitions adresser ce marché sur l’ensemble de ses sous-segments. Si nous étions déjà investis sur des grandes écoles, des écoles privées post-bac, nous l’étions moins sur des sociétés qui répondaient aux enjeux de la transformation de l’éducation. La France est en retard sur ce marché. Par exemple, aux Etats-Unis, ce sont 9 milliards d’euros qui ont été levés par des EdTechs l’an passé, et d’autres pays sont également très en avance, notamment en Asie. Digit’Owl a été, pour nous, un investissement coup de cœur avec une mission sociétale clé : former au numérique dès le plus jeune âge et au plus grand nombre via une approche inclusive. »

Epaulée par un investisseur

Avec 123 IM, elle peut également compter sur le soutien d’investisseurs actifs. « Nous formons un couple, assure Maryline Perenet. Avoir 123 IM à mes côtés permet de lever mes doutes et d’éviter les non-dits. Lorsqu’on crée son entreprise, on peut avoir le défaut d’être égocentré sur son projet car on y consacre toute son énergie. Un investisseur permet de se fixer des objectifs. J’ai la chance d’avoir leur écoute et leur disponibilité. »

Isabelle Deby ajoute : « En tant qu’investisseur, notre rôle est d’être aux côtés des entrepreneurs selon leurs besoins. En ayant leur confiance, nous pouvons libérer les énergies et partager leurs moments de doute pour faire progresser leur projet. Cet accompagnement se fait sur-mesure. Si l’entrepreneur souhaite être autonome, nous n’intervenons que pour les décisions structurantes. S’il souhaite plus de proximité, comme c’est le cas avec Maryline, nous répondons présents. »

Un an après la première levée de fonds, une seconde est envisagée actuellement. Plus conséquente, 123 IM y participera également. D’ici la fin de l’année, Digit’Owl compte avoir formé deux cent mille élèves, en démultipliant son accessibilité. D’ici deux ans, un million d’élèves formés seront visés, avec la volonté de se développer également en Afrique francophone.

  • Mise à jour le : 22/06/2021

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