Michael Sfez (Kermony Capital) : « L’intérêt pour la classe d’actifs non cotée va s’accentuer »

Par : Benoît Descamps

Après dix années à la tête du bureau français de Russell Investments, Michael Sfez a créé Kermony Capital, une société de distribution de solutions non cotées en architecture ouverte. Il nous explique ses motivations et ses premiers projets.

Profession CGP : Vous avez décidé de créer Kermony Capital, une structure de distribution de produits non cotées. Pourquoi ?

Michael Sfez : Après ces années dans l’industrie des marchés financiers, j’ai choisi de me lancer dans cette activité sur la conviction que l’intérêt pour la classe d’actifs non cotée va s’accentuer chez les investisseurs particuliers et institutionnels. Ce sentiment a été renforcé par la crise que nous traversons.

Pour l’investisseur, la liquidité coûte cher, trop cher même lorsque les indices chutent de 35 % en moins d’un mois, et pour certains patrimoines, elle est inutile. Aujourd’hui, il convient de solidifier les patrimoines avec du private equity, de la dette privée ou des infrastructures.

Par ailleurs, la surperformance de la classe d’actifs est visible sur le long terme, depuis 2002, la surperformance du private equity est de + 8 % dans les phases de hausse des marchés et de + 20 % dans les phases de baisse par rapport aux marchés actions.

Enfin, la désintermédiation bancaire va se poursuivre : le rôle des investisseurs en capital n’en sera que renforcé.

 

La crise du Covid-19 pourrait laissera des traces sur le marché du capital-investissement également…

M. S. : Bien sûr, mais les différents marchés du capital-investissement devraient bien se tenir. Sur le premier trimestre les premiers retours indiquent une décote de -7 % sur l’equity et de -3,5 % sur la dette, alors que le MSCI Word a chuté de plus de 20 %...

Cette crise n’a rien à voir avec celle de 2008 et les fonds de private equity regorgent de liquidités : 2500 milliards d’euros sont en attente d’être investis et vont venir renflouer les sociétés qui en ont besoin.

 

Quelle offre proposez-vous aux CGP ?

M. S. : Un premier contrat de partenariat exclusif a été signé avec Pantheon Ventures qui gère pour 47 milliards de dollars.

Panthéon est un acteur majeur du marché qui opère en multigestion, aussi bien capital et en dette, et souvent sur le marché secondaire. Sur ce marché, des opportunités vont être à saisir car de nombreux investisseurs vont devoir liquider une partie de leur poche de non coté pour pallier aux pertes enregistrées sur le coté (« l’effet dénominateur »). L’approche multigestionnaire de Pantheon est également attractive car sur ce marché l’écart de performance entre les meilleurs gestionnaires et les moins performants est sensible : un écart de 19% par an entre les meilleurs (premier quartile) et la médiane du marché ! De même, Pantheon propose une approche internationale, alors que la plupart des acteurs du marché des CGP ont une démarche nationale et parfois européenne. Or on note des écarts significatifs chaque année entre les régions : par exemple le small-mid buy-out Européen a réalisé 8% en 2017 alors que ce même segment aux Etats-Unis offrait une performance de 22 % cette même année. La diversification et la sélection sont donc des aspects encore plus essentiels sur ces classes d’actifs que sur les marchés cotés.

Un fonds, vraisemblablement sous la forme d’un FPCI, devrait être lancé d’ici la fin de l’année. Il serait investi en dette privée de marché secondaire, avec un horizon d’investissement de 7 ans pour un rendement estimé entre 6 et 8 % par an.

  • Mise à jour le : 19/05/2020

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