Le secteur de la santé se porte toujours bien

Par : edicom

Par Alice Lhabouz, fondatrice et présidente de Trecento AM, et Christophe Pouchoy, directeur général et de la gestion de Trecento AM

Investir dans des sociétés cotées du secteur de la santé est l’un des paris gagnants de ces dernières années. Lorsque le marché actions monde en euro perdait, par exemple, 4 % en 2018 (et l’Europe 11 %), le secteur mondial de la santé gagnait 7 %. Cette tendance positive et la surperformance lors des années difficiles devraient se poursuivre dans les années à venir, grâce à un souffle d’innovation révolutionnant le secteur.

Nous avions eu l’occasion, à l’été 2016, d’expliquer l’importance du secteur de la santé dans l’économie mondiale (10 % du PIB) et sa diversité : près de 3 900 sociétés cotées, dont 1 800 de plus de 100 millions d’euros de capitalisation. Cette diversité est également sous-sectorielle, car plusieurs grands segments composent le secteur, dont les services de santé, les fabricants de matériel médical et les sociétés pharmaceutiques ou de biotechnologies. Chacun est lui-même composé de sous-segments, ou niches, aux modèles d’activité variés, qui réagissent donc de manière différente au cycle économique. Les sociétés pharmaceutiques (et biotechnologiques de grande taille) croissent de manière régulière, avec une génération de trésorerie prévisible sur le long terme, elles sont donc généralement les plus résilientes lors des retournements de cycle.

Lorsque la conjoncture est favorable, les services de santé et certains segments du matériel médical (dentaire, optique), où le reste à charge pour le patient est important, bénéficient de l’embellie économique. Les sociétés biotechnologiques de petite et moyenne capitalisation profitent alors aussi de l’appétit pour le risque des investisseurs pour financer leurs programmes de recherche et développement.

Cette diversité du secteur de la santé lui permet d’afficher des performances boursières significatives sur le long terme : une appréciation des titres certes moins élevée en phase d’euphorie boursière, où les secteurs cycliques sont les plus recherchés, mais une surperformance notable lors de phases de baisse des marchés. Si l’on s’intéresse ainsi aux trois dernières années de baisse des marchés actions monde, on s’aperçoit que la santé a surperformé le marché général respectivement de 20 points (- 18 % vs - 38 %) en 2008, 15,5 points (+ 12,9 % vs - 2,6 %) en 2011 et 11,8 points (+ 7,6 % vs - 4,2 %) en 2018 (1). Il s’agit bien d’un secteur refuge pour les investisseurs actions, lorsque l’environnement économique se dégrade ou que la volatilité (géopolitique, économique, financière) s’accroît. Grâce à cette résilience en période de baisse, la performance annualisée de la santé en bourse sur les quinze dernières années atteint 9,6 %, contre 8,1 % (1) pour le marché actions monde dans son ensemble.

Des catalyseurs démographiques et économiques

Le secteur de la santé, grâce à sa croissance structurelle et son innovation permanente, est donc une thématique boursière attractive à court, moyen et long terme. Il offre une exposition au marché actions (et à sa performance), mais présente par ailleurs un profil de risque défensif, comme les biens de consommation de base ou les services au public.

Sur le long terme, les catalyseurs principaux restent l’augmentation et le vieillissement de la population mondiale. Celle-ci devrait augmenter de 7 milliards d’habitants aujourd’hui à plus de 9 milliards en 2040, tandis que les plus de 65 ans, qui représentent environ 8 % de la population mondiale, devraient dépasser les 10 % avant de la fin de la décennie, pour converger ensuite à long terme vers la moyenne actuelle de l’Europe (18-20 %). Ce vieillissement de la population engendrera une accélération généralisée des dépenses, en médicaments, prothèses ou encore soins hospitaliers, mais nécessitera surtout une réforme significative de la prise en charge de la dépendance (maisons de retraite médicalisées, unités de soins de suite et de rééducation, centres de dialyses, etc.). Un autre catalyseur de long terme est l’élévation du niveau de vie dans les pays émergents où des systèmes de santé sont également mis en place par les Etats. On observe une corrélation forte entre l’accroissement du niveau de vie par habitant d’un pays et la hausse des dépenses de santé en pourcentage du PIB. Dans les pays émergents, l’enrichissement des ménages les conduit à réduire leur consommation discrétionnaire pour profiter des avancées médicales susceptibles d’améliorer leur santé et de prolonger leur espérance de vie. Entre 2006 et 2016, les dépenses de santé par habitant ont augmenté de 387 % en Chine, 112 % en Inde, 108 % au Brésil et 89 % en Corée du Sud, contre 42 % en moyenne dans le monde.

­Ces catalyseurs démographiques et économiques structurels permettent au secteur de la santé de croître de 5 % par an en moyenne et, selon des instituts de recherche ou le FMI, cette croissance pourrait s’accélérer au-delà de 6 %. En effet, à plus court et moyen terme, d’autres catalyseurs renforcent le profil attractif du secteur.

Les opérations de fusions-acquisitions dans le secteur restent à des niveaux historiquement élevés. Elles concernent souvent des sociétés de petite ou moyenne capitalisation, avec des médicaments/instruments/services innovants, ou des acteurs de niche à la croissance structurelle rapide. Ainsi, Corindus Vascular, fabricant américain du robot chirurgical CorPath utilisé dans les angioplasties coronaires, a été racheté en août 2019 par Siemens Healthineers pour 862 M$, avec une prime boursière de 77 %.

Des acteurs plus matures pouvant accroître significativement un portefeuille de produits ou accélérer la croissance d’un groupe sont également convoités. Certaines opérations récentes (Bristol-Myers sur Celgene, Abbvie sur Allergan) sont même des transactions à but stratégique défensif (face à de futures expirations de brevets) et purement financier, les cibles ayant souffert d’inquiétudes sur leurs perspectives à long terme et cotant à des niveaux de valorisation très inférieurs à leur valeur intrinsèque. Les fusions-acquisitions offrent d’une certaine manière une valorisation « plancher » à de nombreuses sociétés décotées et ajoutent une prime d’acquisition au cours des sociétés les plus innovantes, dont l’expertise est convoitée par de plus grands acteurs capables d’internationaliser ensuite la distribution des produits ou services de la cible. Un autre catalyseur est l’innovation, présente dans tous les segments de la santé, qui requiert certes des investissements en recherche et développement importants, mais qui contribue à un renouvellement croissant des portefeuilles de produits ou de services. Découvrons un exemple d’innovation majeure dans la biopharmacie-biotechnologie et dans les services de santé.

La thérapie génique, un remède contre les maladies génétiques aujourd’hui incurables ?

La thérapie génique, également appelée génothérapie, est un traitement potentiel pour les maladies monogéniques (i. e. liée à la dysfonction d’un seul gène), délivrant aux cellules ou à des tissus un gène « sain » (appelé vecteur) capable de suppléer le gène « malade » sans toutefois le remplacer dans le génome. Une telle thérapie a été difficile à maîtriser pendant de longues années car elle nécessitait à la fois de connaître les liens entre certains gènes mutés et certaines pathologies, de perfectionner les technologies de manipulation de l’ADN, mais également de déterminer quels seraient les vecteurs les plus appropriés pour transférer ces gènes. Pendant des années, les essais cliniques n’ont pas abouti, puis de nouvelles avancées dans les années 2000 en termes de production des vecteurs et une rigueur maximale dans la conception et dans la réalisation des protocoles donnent de premiers succès cliniques.

Pour y parvenir, deux types d’approches sont utilisés :

- une approche « ex vivo », en dehors du corps humain, souvent utilisée pour le traitement des maladies sanguines. Les cellules prélevées par une prise de sang sont modifiées en laboratoire pour qu’elles expriment le gène qui leur fait défaut, puis réadministrées au patient ;

- pour d’autres maladies non hématologiques, telles que des maladies musculaires, respiratoires, oculaires, cardiaques ou encore neurologiques, le transfert du gène se fait « in vivo », par injection du gène vectorisé directement dans l’organisme ou dans l’organe à traiter, comme un médicament.

La clé de la réussite des thérapies géniques réside souvent dans le vecteur utilisé, ainsi que dans l’efficacité et la qualité de la production des vecteurs (lentiviraux ou dérivés de virus adéno-associés). La production de ces vecteurs est très complexe, notamment à grande échelle et lente (douze mois pour un vecteur lentiviral et vingt-quatre mois pour un vecteur rétroviral).

Des thérapies géniques ont maintenant été approuvées par les autorités de santé et sont commercialisées par des sociétés biopharmaceutiques. Ainsi le Zolgensma d’AveXis (Novartis) pour traiter l’amyotrophie spinale (une maladie neuromusculaire génétique) révolutionne aujourd’hui la prise en charge de cette maladie et devrait devenir un blockbuster pour le laboratoire suisse. Roche a lui aussi décidé d’investir massivement dans la thérapie génique en rachetant la biotech américaine Spark Therapeutics pour 4,3 Md€ en février 2019. Cette acquisition lui permet de mettre la main sur un portefeuille de thérapies géniques contre la cécité (Luxturna, notamment), l’hémophilie et les maladies neurodégénératives. D’autres sociétés pharmaceutiques ou de biotechnologies travaillent sur cette nouvelle technologie et des résultats cliniques sont attendus dans les mois et années à venir.

Le prochain stade de la thérapie génique est l’édition génomique, aujourd’hui au stade de la R&D (pré-clinique principalement), qui permet de réparer des mutations génétiques de façon ciblée, en coupant le génome avec la technique CRISPR-cas9 pour ôter le gène défectueux et le remplacer par un gène synthétique sain.

La télémédecine, une réponse aux déserts médicaux et médecins/centres de soins surchargés ?

Dans les services de santé, les nouvelles technologies de l’information ont permis l’émergence de la télémédecine, qui comprend trois principaux types de services.

La digitalisation des parcours de soins des patients et des processus hospitaliers : historiquement le segment le plus ancien, la première application de la télé-radiologie remonte à 1948 à Philadelphie avec l’interprétation d’imagerie médicale par téléphone. Le stockage de données en radiologie s’est généralisé dans les années 1980 et depuis un volume important de données médicales est enregistré puis éventuellement transmis par voie électronique (dossier médical d’un patient, rayons-X, IRM, données personnelles, vidéos, etc.). C’est une solution alternative lorsqu’un médecin ou un spécialiste ne peut voir le patient en direct, qui permet aux professionnels de santé d’apporter un avis, un diagnostic en différé ou de se concerter entre eux pour établir un diagnostic ou décider d’un traitement (télé-expertise).

La télésurveillance des patients : la Nasa utilisait déjà, lors de la conquête spatiale des années 1960, des capteurs sur des animaux puis sur des astronautes pour surveiller des paramètres vitaux comme la circulation sanguine ou les fonctions respiratoires. Les données recueillies étaient analysées par des scientifiques sur Terre. Aujourd’hui, la télésurveillance s’est démocratisée et est utilisée aussi bien pour surveiller des patients à risque médical élevé (souvent pour des maladies chroniques) que des personnes âgées susceptibles de chuter à leur domicile. Le vieillissement de la population devrait inéluctablement accroître la dépendance des plus âgés qui devront être surveillés à distance pour pouvoir rester chez eux. Les données des patients sont recueillies par des capteurs et transmises en temps réel à leurs médecins, qui peuvent être dans des zones géographiques différentes du patient. C’est un marché qui combine à la fois du matériel médical innovant (moniteurs cardiaques, glucomètres autonomes, capteurs, etc.) avec des solutions IT de santé (logiciels, algorithmes d’analyse, cloud).

Enfin la téléconsultation a connu un essor fulgurant ces dernières années : ce service de consultation virtuelle en direct entre un patient et un ou plusieurs médecins au moyen d’une caméra intégrée sur un smartphone ou un ordinateur (application ou logiciel) est désormais pris en charge par les systèmes de santé publics et privés. Ces téléconsultations sont aussi bien utilisées pour obtenir un avis médical, un diagnostic, une deuxième opinion ou suivre une séance de psychothérapie, comme lors d’une consultation physique traditionnelle. Cela permet en cas d’urgence ou dans les « déserts médicaux » de se connecter avec des spécialistes qui ne seraient pas disponibles autrement. La téléconsultation est une solution pour désengorger les urgences de centres hospitaliers pour des pathologies simples qui peuvent être diagnostiquées et traitées à distance.

Le marché de la télémédecine devrait afficher une croissance supérieure à 20 % par an sur les dix prochaines années car il offre une alternative crédible à la hausse des frais de santé liée aux soins d’urgence ou aux hospitalisations, en plus de remédier à l’insuffisance de médecins dans certaines régions.

1. Performance boursière calculée en euro, dividendes nets réinvestis

 

La stratégie du fonds Trecento Santé

Trecento Asset Management est la société de gestion qui conjugue les techniques d’analyse et de valorisation des entrepreneurs avec la connaissance des marchés financiers. L’équipe de gestion s’appuie sur des comités d’experts « terrain » qui enrichissent la compréhension sectorielle et produits/services des analystes et gérants des fonds d’investissements actions. Trecento Santé est un fonds qui investit en actions de sociétés internationales exposées au secteur de la santé (notamment laboratoires pharmaceutiques, biotechnologies, diagnostic et technologie médicale, gestion des hôpitaux et centres de soins). Son objectif est d’offrir une performance annuelle supérieure à 7 % sur la durée de placement recommandée d’un minimum de cinq ans. Depuis son lancement en décembre 2012, Trecento Santé affiche une performance absolue de 77,8 % et annualisée de 8,9 % (nette de frais et commissions).
Le fonds Trecento Santé se caractérise par la recherche d’une volatilité modérée, voire faible pour un fonds actions internationales, grâce à plusieurs critères spécifiques d’investissement qui réduisent les risques pris :
- élimination de l’univers d’investissement des sociétés non rentables ou des sociétés biotechnologiques ou de matériel médical les plus volatils, notamment les petites et moyennes capitalisations en phase de recherche-développement, sans médicament ou produit approuvé ;
- pondération maximale de chaque position à 3 % de manière active, 4 % de manière passive, pour constituer un portefeuille de cinquante-soixante valeurs ;
- surveillance continue des ratios de valorisation des sous-segments et sociétés de la santé pour limiter l’exposition et le risque afférent aux sociétés survalorisées.
Trecento Santé est référencé chez Ageas, Apicil, Axa Thema, Cardif AEP, Finaveo, Generali Patrimoine, La Mondiale Europartner, Neuflize Vie, Nortia et Predica.

  • Mise à jour le : 30/10/2019

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