Milleis : une banque patrimoniale en pleine croissance

Par : Benoît Descamps

Détenue par un fonds d’investissement, Milleis Banque (ex-Barclays France) a pour objectif de devenir la première banque privée indépendante en France. Dans ce sens, elle s’est vue confier la gestion des clients patrimoniaux d’Orange Bank et vient de signer un partenariat avec Groupama, tout en renforçant ses équipes et sa gamme de solutions. Et d’autres opérations de croissance externe devraient être réalisées à moyen terme.

Milleis Banque : tel est la nouvelle appellation de Barclays France depuis mai 2018 suite à son rachat par le fonds d’investissement spécialisé dans le secteur financier, AnaCap, qui contrôle six banques de l’Union européenne (France, Grande-Bretagne, Belgique, Malte, République tchèque, Pologne). Si la marque est nouvelle, la structure s’appuie sur une histoire démarrée en 1917 : Barclays France a été la première implantation de la banque en dehors des îles britanniques. Sur le sol français, la structure grossira avec les acquisitions de l’Européenne de Banque et l’agent de change Ferri. « Ce changement de nom est une opportunité pour notre banque privée, alors que nous opérons sur un marché où il n’y a plus de créations de nouveaux acteurs. Si nous avons pu craindre une notoriété moindre, cette marque nous permet de créer une nouvelle dynamique autour d’une nouvelle image », annonce Nicolas Hubert, directeur général de Milleis Banque.

Un acteur de la consolidation du marché

La banque – près de 300 millions d’euros de fonds propres (16 % de ratio de solvabilité) – cultive des objectifs ambitieux : multiplier sa base d’encours, d’ici quatre ans, via des opérations de croissance externe, sa croissance organique et la mise en place de partenariats stratégiques, comme ceux récemment conclus avec Orange Bank, en novembre, et Groupama, en décembre. « Avec Orange Banque, les comptes-titres et PEA des clients qui le souhaitent pourront être transférés et gérés chez nous. Le partenariat avec Groupama s’adresse également aux clients patrimoniaux pour ces mêmes produits ».

D’autres opérations à moyen devraient également être annoncées. « La consolidation des acteurs est en marche, notamment pour les petits acteurs à la taille insuffisante pour faire face à la digitalisation, la réglementation, la construction d’une marque…, constate Nicolas Hubert. Notre actionnaire a une vision industrielle de notre activité, d’où notre volonté de grossir. D’importants moyens sont à notre disposition, et notre organisation nous permet d’avoir un circuit de décision court pour saisir les opportunités de marché. »

Un métier unique, la gestion privée

La structure exerce un seul et unique métier : la gestion de clients patrimoniaux. Ainsi, 60 000 familles sont accompagnées dans la gestion de leur patrimoine, soit 100 000 clients pour 9 milliards d’euros d’encours (environ 2 milliards d’euros de dépôts et 7 milliards d’actifs financiers). « Nous opérons sur une clientèle pouvant nous confier de 100 000 euros à 2 millions d’euros, voire beaucoup plus, le tout avec une segmentation selon le montant d’actifs confié, l’âge, la catégorie socioprofessionnelle… »

Milleis s’appuie sur une équipe de deux cent soixante-cinq banquiers privés répartis dans vingt-neuf agences. Ces conseillers sont accompagnés par plus de soixante assistants, un poste nouvellement créé pour les décharger de la gestion des produits bancaires du quotidien. Cette équipe de banquiers privés a été récemment renforcée avec le recrutement de soixante conseillers. Ils disposent du soutien d’ingénieurs patrimoniaux et de spécialistes de l’investissement financiers (dont certains sont localisés en agence) et de spécialistes du crédit. « Notre dispositif est assez délocalisé, observe Nicolas Hubert. Nous l’avons récemment revu en fermant certaines agences pour en rouvrir de nouvelles. » Une équipe digitale dédiée à la clientèle aux actifs confiés inférieurs à 100 000 euros est également en place, sous le nom My Milleis.

Une offre qui s’étoffe

L’offre de Milleis reste principalement axée autour de la gestion financière. « Nous opérons en architecture ouverte avec une trentaine d’asset managers de premier plan. Cette indépendance est primordiale pour agir dans l’intérêt de nos clients, c’est pourquoi nous avons cédé notre société de gestion de portefeuille à CM-CIC Asset Management en juin dernier. Notre gestion a prouvé sa qualité avec des performances supérieures aux benchmarks. L’équipe se compose d’une dizaine de personnes et nous proposons également un service de gestion conseillée sur les titres vifs. Historiquement, nous nous appuyons également sur notre savoir-faire en termes de construction de produits structurés que nous avons encore renforcé ».

Si la structure dispose de sa propre compagnie, Milleis Vie, elle collabore également avec d’autres assureurs français et luxembourgeois.

Milleis muscle également son offre. Des solutions de crédit sont mises en place avec Cafpi et le Crédit logement pour l’immobilier, et avec Franfinance pour le crédit conso. Une offre de SCPI accompagnée de financement est également constituée (Primonial REIM, Corum…),  et sur l’immobilier direct, Milleis collabore avec iSelection. L’investissement en Private Equity devrait être proposé cette année, et un contrat d’épargne-retraite va être lancé au premier trimestre.

« Nos clients ont une réelle appétence pour les unités de comptes financières, néanmoins face aux incertitudes sur les marchés, que nous trouvons encore relativement bon marché, et à la baisse des rendements des fonds en euro, ils s’orientent de plus en plus vers la pierre-papier et les produits structurés. La problématique de la baisse des taux est moins pénalisante pour nous. Il s’agit même d’une opportunité pour nous et notre savoir-faire en gestion sous mandat et gestion pilotée ». Au sein des contrats d’assurance-vie, le taux d’UC est en moyenne de 40 %, mais ce taux est supérieur sur la collecte (entre 45 et 60 % selon les contrats distribués).

  • Mise à jour le : 29/01/2020

Vos réactions