L’épargne favorite des Français à son meilleur taux

Par : edicom

Par Didier Kling, président de la CNCEF, et Stéphane Fantuz, président de la CNCEF Patrimoine

Le 1er février prochain, le Livret A verra son taux d’intérêt augmenter pour s’établir à 3%. Il en sera de même pour le Livret d’épargne populaire qui affichera une rémunération de l’ordre de 6,1%. L’annonce de cette revalorisation a été faite conjointement par le ministre de l’Economie et le gouverneur de la Banque de France vendredi dernier. Il s’agit donc d’une bonne nouvelle pour les épargnants français au sens où ces deux produits d’épargne réglementée sont uniques en Europe. Mais aussi que cette hausse vient compenser les effets de l’inflation. Si cette décision ne règle pas la question du pouvoir d’achat – sujet central de nos concitoyens –, elle vient tout de même leur donner environ 200 euros supplémentaires pour ceux qui ont un encours moyen de 6000 euros. C’est tout du moins les estimations faites par l’Etat.

 

Financer l’économie réelle

Ensuite, si le fort taux d’épargne en France est globalement perçu comme un handicap pour notre économie, ce positionnement appelle une analyse plus étayée. Face à notre dette nationale qui pèse 2 956 milliards d’euros au sens des critères de Maastricht, notre épargne collective s’élève à 5 726 milliards d’euros. Elle représente deux fois le déficit public et même trois fois le montant de l’ensemble de la capitalisation boursière des entreprises du Cac 40. Par conséquent, notre épargne est un outil mal perçu qui, au-delà de servir la rémunération des titulaires de livrets, sert aussi à financer l’économie, dont les PME. Mais aussi le crédit immobilier pour la part qui demeure au sein des établissements financiers. Les mois à venir devraient donc permettre plus de souplesse pour les projets des Français dans la pierre.

Pour autant, les pouvoirs publics n’ont pas voulu dépasser le taux des 3% de rémunération du Livret A pour ne pas augmenter les coûts du crédit immobilier. Ni même remettre en cause le logement social pour les mêmes raisons. S’agissant du Livret d’épargne populaire destiné aux revenus les plus modestes, la Banque de France estime qu’il ne bénéficie qu’à 8,5 millions de nos compatriotes, alors qu’ils devraient être au moins 18 millions à le détenir. En cette période, il est à espérer que sa valorisation conjoncturelle permettra d’augmenter le nombre de détenteurs.

 

Servir la confiance et la croissance

Il est toujours possible de penser que ces deux produits d’épargne sont au final peu valorisés, mais l’inflation moyenne de 5,2% en 2022 en atténuera la portée. Les arbitrages réalisés par la Banque centrale européenne et la Banque de France ont mieux protégé notre pays que nos voisins européens. Le tout en conservant des taux monétaires raisonnables au regard de la conjoncture. 2022 a donc été une année de résilience pour modérer les effets du ralentissement en 2023 et éviter la récession.

Comme on peut le voir, les grands mécanismes macroéconomiques s’ajustent avec précaution. A plus forte raison au moment où les effets de l’invasion russe en Ukraine impactent fortement le prix de toutes les énergies. On estime dès lors qu’en maintenant ce cap, une reprise peut s’amorcer d’ici dix-huit mois. La Banque de France s’étant engagée à corriger les effets de l’inflation pour la ramener à 2% dans la même période. L’épargne pourra alors servir la confiance et la croissance.

  • Mise à jour le : 20/01/2023

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