« Les marchés irrationnels créent des opportunités »

Par : Benoît Descamps

Mathieu Gilbert, directeur de la gestion quantitative et des overlays du groupe Edmond de Rothschild (pôle qu’il a créé en 2000), dévoile sa vision des crises financières et les bienfaits de la gestion quantitative pour y faire face.

 

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Quelles leçons tirer des crises financières ?

 

Profession CGP : Quel regard portez-vous sur les bulles financières qui se succèdent ?

Mathieu Gilbert : Il y a toujours eu des bulles. Depuis les années 2000, celles-ci se succèdent à un rythme plus important. Cela s’explique notamment par le fait que désormais tous les marchés sont désormais plus interconnectés, et l’information est plus fluide, avec des investisseurs souvent surinformés. L’investisseur est donc exposé globalement, et une mauvaise information touche tout le monde, ce qui provoque des peurs et des réactions de tous au même moment, et crée donc parfois des mouvements irrationnels.

Ces crises sont alors plus ou moins intenses et plus ou moins longues. Néanmoins, nous sommes convaincus qu’elles vont devenir plus fréquentes.

PCGP : Quelles solutions proposez-vous ?

M. G. : Nos produits permettent un contrôle de risque absolu en créant de l’asymétrie. Contrairement à d’autres gestions, il ne s’agit pas de limiter la casse mais que la perte soit acceptable pour le client. Cela vise à ne pas enregistrer des pertes difficilement rattrapables.

Pour nous, les marchés irrationnels créent des opportunités et il convient d’en profiter.

Par exemple, nous avons su tirer parti de la hausse des marchés lors de la bulle Internet, puis après la première secousse, nous avons su désensibiliser notre portefeuille. Nous avons procédé de la même manière lors de la période 2003-2007, celle de la bulle du crédit et de la structuration financière.

Nous nous appuyons sur une méthodologie objective qui ne laisse aucune place à l’intervention humaine. Le driver de nos solutions est l’objectivité, c’est-à-dire le prix des actifs. Le modèle observe alors les tendances haussières ou baissières pour conserver ou non les actifs en portefeuille.

PCGP : Quelles sont les limites de cette gestion ?

M. G. : Dans les périodes risk on-risk off, c’est-à-dire quelques semaines de correction suivies de quelques semaines de hausse, donc sans réelle tendance, l’asymétrie de gestion n’a pas le temps de marcher à plein et nous sous-performons le marché. Le risque est toujours présent et le portefeuille reste désensibilisé.

PCGP : Quels fonds commercialisez-vous ?

M. G. : Il s’agit de la gamme QuAM décliné autour de quatre solutions : Return+, QuAM 5, QuAM 10 et QuAM 15, avec respectivement des niveaux de volatilité maximums de 2 %, 5 %, 10 % et 15 %. Nous ne consommons pas toujours ce seuil de volatilité, notamment dans les périodes de crise puisque le portefeuille est dans ce cadre protégé via du cash qui, par essence, n’a pas de volatilité. Ces fonds sont investis sur des fonds long-only sélectionnés en architecture ouverte et des ETFs.

Selon la tendance du marché, le fonds est intégré ou exclu du portefeuille, et pour chacun d’entre eux le modèle détermine le rendement espéré, la volatilité et la corrélation des fonds entre eux. L’allocation est revue quotidiennement. Ces stratégies ont connu un réel succès avec des actifs sous gestion d’environ 4,1 milliards d’euros. L’appétit des investisseurs, notamment sur le marché retail, est fort actuellement pour des solutions à basse volatilité, tant les marchés sont incertains.

  • Mise à jour le : 26/04/2016

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