Neuberger Berman livre ses dix réflexions pour 2022

Par : edicom

Les responsables des plates-formes d'investissement de Neuberger Berman identifient les principaux thèmes qui les guideront dans leurs décisions d'investissement en 2022.

Par Joseph V. Amato, President et CIO Equities, Erik L. Knutzen, CIO Multi-Asset Class, Brad Tank, CIO Fixed Income, Anthony D. Tutrone, Global Head of Alternatives et Suzanne F. Peck, Head of Investments Private Wealth Management chez Neuberger Berman

Macro : le début d'une nouvelle ère

1 - Le début d'un nouveau cycle long, mais aussi plus volatil ? 

Nous sommes actuellement en train de passer de la phase de reprise du cycle actuel à sa phase intermédiaire. Mais de quel type de cycle s'agira-t-il ? Le cycle précédent était le plus long de l'histoire et il n'a pris fin qu'en raison du choc exogène de la pandémie. Et la volonté des autorités monétaires de soutenir le cycle est encore plus grande aujourd'hui. L'innovation et les nouvelles lourdeurs sur les chaînes d'approvisionnement pourraient accroître la volatilité du cycle économique et des marchés, mais nous pouvons néanmoins nous attendre à une autre longue période de croissance.

 

2 – Inflation : plus élevée et plus problématique 

Après quarante ans de baisse de l'inflation et des taux d'intérêt, la tendance semble changer, en raison des nouvelles priorités des banques centrales, de la réorientation stratégique de la Chine, de la transition énergétique, des pressions exercées sur les chaînes d'approvisionnement et du pouvoir de négociation de plus en plus important des salariés sur les gains de la croissance. Dans cette dynamique, la tendance à l'augmentation de l'offre et des coûts constituera probablement un défi pour les banques centrales. La façon dont ces dernières choisiront de naviguer dans un environnement d'inflation en mutation générera probablement de la volatilité sur les marchés au cours de l'année à venir.

 

3 – Une nouvelle ère d'économies politisées, et pas seulement en Chine

La réorientation stratégique en cours de l'économie chinoise privilégie explicitement les objectifs sociaux et politiques tels que la "prospérité commune" et le "circuit domestique" à la croissance pure et simple. Mais il ne s'agit pas seulement d'une tendance chinoise. Dans le monde entier, les autorités politiques et monétaires disposent aujourd'hui de plus d'outils, de plus de capacités et de plus de volonté pour orienter l'activité économique notamment dans la poursuite d'objectifs climatiques, d'égalité sociale, politiques, géopolitiques et de sécurité. Cela signifiera probablement une augmentation des impôts. Le rôle des marchés dans l'allocation des ressources diminuant, nous pourrions également assister à une augmentation de l'inadéquation entre l'offre et la demande, de l'inflation et de la volatilité.

 

4 - L'approche Net Zero devient le courant dominant 

La 26e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26) s'est achevée au moment où nous rédigeons ces perspectives. De nombreux pays ont entamé la COP26 avec du retard sur leurs engagements, mais l'élan semble se renforcer. L'agenda législatif "Fit for 55" de l'Union européenne fixe de fait une norme très ambitieuse. Tout aussi important, le secteur privé va aussi de l'avant sur cette question : les entreprises ont pris de plus en plus d'engagements et mis en place des plans de réduction nette de leur émissions. De leurs côtés, les sociétés de gestion et les investisseurs ont aussi rejoint des initiatives net zero. Selon nous, il sera de plus en plus imprudent d'ignorer les risques liés au climat et à la politique climatique dans les portefeuilles d'investissement.

Obligataire : les taux s'ajustent, les investisseurs adoptent une approche flexible

5 – Un ajustement ordonné des rendements et des spreads obligataires

Les rendements des obligations d'État core restent faibles, en particulier par rapport à l'inflation actuelle, et les spreads de crédit sont selon nous parfaitement valorisés. Nous pensons que l'inflation et les spreads devraient respectivement augmenter et s'accentuer courant 2022. La recherche de rendement avec une duration courte ou nulle restera la priorité, mais des perturbations majeures du marché ou des problèmes de crédit importants semblent peu probables. Nous pensons qu'un environnement d'investissement obligataire plus tactique est en train de se développer.

 

6 – Les investisseurs adoptent une approche plus flexible dans leur recherche de rendement 

Confrontés à une combinaison de taux bas qui repartent à la hausse, ainsi qu'à des spreads de crédit resserrés, les investisseurs sont susceptibles de redoubler d'efforts dans leur recherche de durations courtes, de taux variables et de sources de rendement moins corrélées entre elles. Ils peuvent compléter cette approche par un positionnement plus tactique, que ce soit à travers une exposition au risque de taux d'intérêt, par l'allocation d'actifs ou l'exposition à des marchés de niche à fort potentiel. Les opportunités susceptibles d'attirer l'attention des investisseurs vont du crédit à court terme, en passant par les prêts et les obligations adossées à des emprunts (CLO), aux obligations chinoises et aux obligations corporate hybrides européennes. Nous pensons qu'un ensemble de ces sources de rendements tactiques, de duration courte et moins corrélées pourrait générer des rendements dans l'année à venir.

Actions : thèmes liés à la réflation

7 – Une dynamique de reflation sur les actions value et cycliques ainsi que dans certaines régions

La croissance économique est susceptible de favoriser les secteurs cycliques par rapport aux secteurs défensifs, la value par rapport au growth, les petites entreprises par rapport aux grandes sociétés et les marchés non américains par rapport aux marchés américains. Cette tendance a été interrompue en mars 2020 avec les sommets atteint par les rendements du Trésor, mais elle pourrait se réaffirmer lorsque les rendements recommenceront à augmenter, en particulier si cela s'accompagne d'une baisse du dollar américain. Cet environnement serait normalement de bon augure pour les marchés émergents, mais de nombreuses difficultés font que nous avons tendance à ne privilégier que certaines opportunités, telles que les entreprises leaders dans les secteurs de l'innovation en Inde.

 

8 – Avec des valorisations tendues, les dividendes deviennent essentiels

Le passif de sous-performance de la value est bien connu, mais les dividendes, en tant que sous-ensemble de la value, a fait encore pire au cours de la dernière décennie. Il existe trois sources de rendement pour les actions : la croissance des multiples, l'augmentation des bénéfices et enfin les revenus issus des dividendes. Actuellement, les multiples semblent tendus et les bénéfices ont augmenté au delà des attentes, ce qui nous laisse à penser que les revenus issus des dividendes pourraient être plus solides au cours de l'année à venir. Au cours des cinquante dernières années, les dividendes ont représenté environ 30 % du rendement total des actions. De plus, dans un environnement marqué par l'inflation avec des taux bas qui repartent à la hausse, les dividendes des actions représentent également un moyen d'obtenir une exposition à une duration courte et à l'inflation au sein des portefeuilles avec des valorisations relativement attractives.

Stratégies alternatives : de moins en moins optionnelles

9 – Un plus grand nombre d'options de diversification non traditionnelle pour les investisseurs 

Les investisseurs sont confrontés à des valorisations élevées sur de nombreux marchés growth, combinées à une hausse des rendements et à une diminution des avantages de diversification des obligations core, ainsi qu'à un risque d'inflation supérieur aux récents niveaux de tendance. Cette situation devrait inciter tous les types d'investisseurs à augmenter et à diversifier leurs allocations sur les stratégies alternatives, liquides et non liquides, ainsi que leur exposition aux actifs susceptibles d'atténuer l'impact de l'inflation transitoire et pérenne, tels que les matières premières et l'immobilier. Les investisseurs individuels pourraient avoir la capacité d'effectuer le mouvement le plus important, car les produits de private equity et de dette privée leur deviennent de plus en plus accessibles.

 

10 – Le risque d'exécution, et non le risque de marché, déterminera probablement le succès des investissements 

Les valorisations sont élevées dans les opérations actuelles de private equity. Cependant, si la valorisation de départ peut être un déterminant important des rendements à long terme des actions, la corrélation n'est pas aussi forte sur les marchés non cotés. Nous pensons que cela pourrait être particulièrement vrai pour les opérations actuelles, du venture au buy-out. Alors que les opérations passées reposaient souvent sur l'achat à bas prix et l'utilisation de l'effet de levier, nous constatons que l'opération classique d'aujourd'hui est composée à plus de 50 % de capitaux propres et que ses rendements potentiels dépendent de la réussite des améliorations opérationnelles et stratégiques et des programmes de fusion et d'acquisition (M&A).

Pour aller plus loin : https://www.nb.com/en/fr/solving/solving-2022

 

  • Mise à jour le : 26/11/2021

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